MERCEDES 190 2.5-16 EVO 2 / 1990-1991
Pour sur cette tranquille 190 au look extravagant semblerait sortie du casting de "Taxi" où c'est la Peugeot 406 qui a été retenue !
Double erreur !! D'abord parce que la saga des films débute en 1998 et ensuite parce que cette 190 n'est pas vraiment tranquille et est surtout dédiée à l'homologation du modèle pour un championnat allemand sur circuit de véhicules de tourisme : le DTM.
Mais pour ceux qui connaissent la gamme Mercedes de l'époque le look est pratiquement déconcertant avec un certain sentiment de tuning inconnu dans le cercle très sélect de la marque à l'étoile.
1990 : Mercedes connaît le succès à travers sa "190" (caisse W201 pour les connaisseurs). Si la 190D et ces 72cv boîte 4 n'effraie pas grand monde sur la route, l'originalité vient du 5 cylindres diesel 2.5L atmo (90cv) ou surtout turbo (126cv). En essence le pilier se situe sur la 190 E avec son 2 litres de 122cv même si une version 1.8 existe tout comme une plutôt rare et onctueuse 2.6 litres 6 cylindres de 166cv.
Le reste de la gamme s'articule autour de la caisse W124 (gamme 200/300), les séries S, SL et Coupés. Si certains ont des puissances importantes pour l'époque à travers des 6 cylindres ou V8 l'ambiance n'est pas au looks sportifs mais plutôt dans de la discrète efficacité premium. Il faut en fait aller vers des "sorciers" tels AMG ou Brabus pour avoir des berlines revues et corrigées, ultra performantes et au look sans équivoque et assumé.
Toutefois depuis 1984 Mercedes propose une version sportive de sa 190 avec la fameuse 2.3-16. Mercedes s'oriente pour plusieurs raisons vers un 4 cylindres plutôt que dans le développement d'un V8 existant. Il se tourne alors vers Cosworth qui sur la base d'un 2.3 litres 8 soupapes de 136cv développe une version avec sa culasse à 16 soupapes et fort de 185cv. Le 4 cylindres frôle les 8000 tr/min pour atteindre le rupteur (7700 tr/min pour être précis) et s'avère être discret et souple à bas et milieu des tours et très rageur et joueur en haut régime. Rapidement il devient une référence chez les sportives à propulsion et est exploité pour la compétition tant en rallye (groupe A) que sur piste. Le look extérieur possède ce petit plus très classe : spoiler, jupe arrière, bas de caisse, jantes alu et surtout ce petit becquet positionné sur la malle arrière. Même la sortie d'echappement subtilement ajourée fait impression. L'intérieur est traité à l'allemande avec sérieux mais le sport n'est pas oublié : sièges sports et contres portes avec tissus à damier (le cuir est en option), les 3 manomètres (enfin 2 car l'un n'est qu'un chronomètre digital) et le compte tours gradué jusqu'à 9000 tours. Pour 259 000 F en 1986, cette 190 "offre" même le correcteur d'assiette automatique indispensable pour la marque mais qui s'averera être une "usine à gaz" au fil des ans pour les utilisateurs ! La version "US" ne fournira que 167cv du fait des normes antipollutions.
Une campagne promotionnelle est même organisée en 1984 en marge du grand prix de F1 d'Allemagne pour l'inaugutation du nouveau tracé du circuit mythique du Nurburgring. Tout le gratin est convié pour cette course en 12 tours sur des 190 2.3-16 de série (seul l'habitacle est modifié) où figure en gros le nom des pilotes. Si la pôle position est détenue par un spécialiste nommé Alain Prost, la course est remportée haut la main par un remplaçant du dernier moment non encore en F1 un dénommé.... Ayrton Senna.
Mais pour coller à la concurrence (BMW M3 ou FORD Sierra Cosworth en tête), en 1988 la 190 passe de 2.3 litres à 2.5 litres. La puissance grimpe à 204cv (sauf les versions catalysées qui restent à 194cv). En 1989 afin d'être homologuée dans le championnat sur piste DTM, Mercedes lance la production d'une série limitée dite " Evolution" nécessaire à son homologation. La cylindrée est la même mais le bloc est différent avec une course plus courte (2463 cc contre 2497cc). Châssis et freins sont optimisés, les passages de roues sont modifiés et l'aileron plus travaillé est un peu plus gros. Son poids n'est inférieur que de 20 kilos à la version 2.5-16 de base et les performances sont équivalentes. Vendue en 1990 pour 353 500 F ( contre 317 000 F pour la 2.5 -16) ce sont non pas 500 (obligatoire pour l'homologation en DTM) mais 502 exemplaires noirs qui seront produits (2 étaient destinées à la collection de la marque).Cette version très méconnue s'avère être l'une des plus recherchée.Pourtant côté puissance nous sommes alors loin des 225cv de la version AMG disponible au même moment. En parallèle le Team "Snobeck" ( du nom du pilote fraîchement retraité) fait importer via un concessionnaire français des Charentes Maritimes 12 versions "Evolution" (sur les 30 affectées à la France) afin de les modifier, les préparer en restant des versions routes. Moteur, trains roulants,jantes, habitacle sont modifiés à Magny Cours dans les ateliers Snobeck (sans que la Mercedes soit officiellement informé des modifications exactes) et la puissance passe à 225 cv à 7600 tr/min. A priori deux des voitures destinées à la transformation auraient été volées à l'époque. Certaines fausses Snobeck auraient été signalées également. Seule la liste des numéros de châssis permet d'identifier les vraies.
En 1990 afin de suivre la concurrence sur la piste, Mercedes présente la deuxième évolution toujours destinée à l'homologation en DTM qui se nommera Evo 2. Cette fois ci les appendices aérodynamiques sont plus que visibles et doivent être présents sur les 500 exemplaires nécessaires à l'homologation. Spoiler avant énorme muni d'une lame pour créer l'effet de sol, ailes bodybuldées avec élargisseurs d'ailes permettant le passage des roues de 17'', masque de phares modifié, appendice de lunette arrière favorisant le flux d'air, énorme bouclier arrière et surtout le gigantesque aileron réglable. L'intérêt de cette aérodynamique un peu voyante se mesure concrêtement dans son coefficient de pénétration dans l'air. Avec 0.29 il est très affuté.
A l'intérieur on reprend les mêmes et on recommence. Le levier de vitesse qui est éclairé fait référence à la numérotation de l'exemplaire avec la fameuse boîte à la première inversée (en bas à gauche). L'équipement est complet et la finition sans reproches.Les puristes apprécieront même l'humour germanique puisque l'économètre est toujours à sa place dans le bloc compteur !
L'évolution est également réalisée sous le capot puisque la puissance passe de 205 à 235 chevaux. Tout a été pensé compétition avec le cahier des charges "Mercedes" pour la fiabilité. Là encore le moteur ne se dévoile que passé les 4500 tr/min. Le rupteur étant à 7700 tr/min cela laisse une plage d'utilisation confortable d'autant que le couple maxi est disponible entre 5000 et 6000 tr/min. La suspension hydropneumatique permet même d'avoir 3 hauteurs de caisses réglables depuis l'habitacle.Compte tenu du confort et de la qualité recherchée le poids (1320 kg) est en hausse par rapport à l'Evolution relativisant ainsi les performances. La tenue de route s'avère sure aidée par l'ABS et l'ASD (blocage de différentiel Mercedes). Néanmoins l'Evo 2 est donnée pour 250 km/h (242 mesuré) et 27.4 sec au 1000 mètres.
450 000 F c'est le prix de l'exclusivité chez Mercedes pour une berline 4 places. Mais à ce tarif le véhicule équipé de cuir est d'une grande qualité tant dans sa conception que sa fabrication. C'est du sérieux à tous les étages si cette version d'homologation peut paraître extravagante elle a été conçue très sérieusement ce qui n'est pas le cas d'autres constructeurs dans le même cas de figure (pour les rallyes groupe B par exemple). Le budget de développement était donc conséquent et le prix de vente s'en ressent. A ce tarif on pourra quand même regretter le grand volant d'origine (option airbarg oblige) avec une direction jugée trop lourde d'après les différents essais.
500 exemplaires seront produits en teinte bleu/noir deux en gris argent (toujours pour la collection).
La version compétition atteindra jusqu'à 380cv avant le retrait de l'usine de la compétition
Côte : 45 000€
photos internet
La version course
La version "Evolution"