OPEL SIGNUM / 2003-2009

10 août 2014

Si certains pensent que la Vel Satis est un véhicule raté esthétiquement et à la réputation de fiabilité désastreuse, je leur répondrai que c'est un produit décalé avec les risques commerciaux qui vont avec et qu'ils ne connaissent pas l'Opel Signum...

L'idée de la Signum apparaît en 1997 à travers un concept car, aboutissement de nombreux dessins et maquettes. Il faudra 6 ans de gestation à la marque avant le lancement de officiel du modèle final....Tant d'années pour ça pourrait-on dire ? L'idée d'origine est de proposer une nouvelle routière aux marques européennes Opel et Vauxhall. En effet les marques proposent au catalogue une tri corps à propulsion d'une tradition historique : l'Opel Omega. Avec l'Omega c'est aussi toute la dynastie des modèles "Rekord" remontant aux des années 50 qui ressort.

Cette fois plus qu'une remplaçante, General Motors, propriétaire des marques souhaite proposer une alternative haut de gamme toute différente. Plus de trois volumes à coffre classique mais un véhicule à hayon aux allures de break. Le châssis pris pour base est allongé afin de favoriser l'espace arrière façon limousine avec un confort de premier ordre La face avant du concept est celle de ce qui sera celle de l'Astra II de 1998. La partie arrière est plus vouée à la réflexion et la controverse avec un hayon fuyant et des feux qui s'avereront être ceux de l'Astra III de 2003.

Cette idée de routière décalée sera reprise dans un deuxième concept datant de 2001 et avec la face avant de la future Vectra. Cette Signum 2 met la barre encore plus haut tant esthétiquement que mécaniquement. Pour l'esthétisme, elle adopte un toit panoramique en V très original ...vu du ciel ! Mais c'est la disparition des montants latéraux qui donne cette impression d'espace. Toutes vitres ouvertes la Signum a des allures d'Avantime... L'habitacle se veut aussi confortable que high tech. La planche de bord futuriste reçoit un volant rectangulaire. Sous le capot, GM ne fait pas semblant et implante un bon V8 américain de 4.3 litres et de 300cv. Rien à dire sur le papier ça promet !

La Signum sort donc en 2003 quelques mois après cette la nouvelle Vectra à qui elle reprend le châssis avec un empattement rallongé. La déception est à la hauteur des espoirs tant la ligne est fade. Comme prévu, c'est bien les places arrières qui sont largement privilégiées dans la Signum. Le constructeur grossit même le trait jusqu'à une présenter et commercialiser les premières versions en 4 places. La place centrale arrière est sacrifiée afin d'implanter toute sorte de rangements, supports high tech, mini bar,etc...en lieu et place du strapontin également disponible. Les deux places arrières sont de véritables fauteuils individuels et réglables électriquement à la façon d'une limousine. Le coffre reste spacieux et la ligne de break de la voiture favorise logiquement les chargements. Même le dossier du siège avant droit peut se rabattre complètement pour des objets très longs ce qui est unique dans la catégorie et il est vrai pas en adéquation avec la clientèle visée. La partie avant de l'habitacle déçoit fortement. En fait GM se contente de reprendre la planche de bord de la simple Vectra. On attendait nettement mieux de ce côté là ! Renault avec sa Vel Satis avait au moins fait une tableau de bord spécifique et ne s'était pas contenté de reprendre celui d'une Laguna. Pour ce qui est des finitions, elles sont au nombre de trois. Mais seule la finition Cosmo est digne du statut visé : cuir, gps couleur, xénons, sièges avant chauffants et électriques, rideaux pare-soleil latéraux arrières ...

Côté motorisations, GM pioche essentiellement dans sa banque d'organe ou celle de l'Australien Holden. Les moteurs essences sont au nombre de 4 : Les deux premiers sont plutôt légers et sans saveur : 1.8 i 122cv et le 2.2 i à injection directe cette fois avec 155cv. Pour ceux qui souhaitaient plus de punch, on trouvait le 2.0 turbo basse pression de 175cv et l'oncteux V6 Holden 3.2 litres de 211cv. Côté diesel trois possibilités : le bien connu 2.2DTi de 117cv et 125cv comme sur les Vectra ou Zafira ainsi que le V6 3.0CDTi Isuzu de 177cv adopté également chez Renault. Hélas ces diesels desserviront grandement la Signum (comme les autres modèles les utilisant) de part leur fiabilité désastreuse. Les fidèles de la marque regrettent rapidement leur Omega équipé du 6 cylindres en ligne BMW 2.5DTi 24v de 150cv. Les boîtes de vitesses mécaniques ou automatiques (à 5 ou 6 rapports) étaient disponibles. Toutefois grâce au rapprochement entre le groupe américain et le groupe Fiat, la Signum récupère ainsi dès mars 2004 les diesels 1.9 litres italiens JTD bien connus et disponibles en 100, 120 et 150cv. S'il ne sont pas les meilleurs du marchés, ils stopperont la catastrophe mécanique de part leur fiabilité nettement meilleure. La Signum conservera le V6 3.0 litres Isuzu et n"aura pas le temps de connaître la version biturbo du 1.9. Opel France n'osera pas importer chez nous la version 1.9CDTi 100cv 5 vitesses.... on a eu chaud !!

Mais voilà la Signum est sur un marché face à une faible Vel Satis décalée , une Lancia Thésis (présente dans le blog) au style baroque encore plus anecdotique chez nous et qui ne fait pas non plus l'unanimité mais elle se trouve surtout face aux références du marché : Audi, BMW et Mercedes. La Signum n'impressionne personne et ne fait surtout pas le poids et de très loin.

La phase 2 de la Signum arrive mi 2005 pour tenter d'éviter le naufrage commercial. Elle perd sa face avant de Vectra pour reprendre comme cette dernière, également renouvelée, celle de l'Astra III. Si les lignes sont plus effilées, la Signum plonge d'avantage dans l'anonymat selon moi bien loin de l'objectif initial. Son style qui se voulait décalé n'a pas plu et ce n'est pas en rentrant dans le rang qu'elle parviendra à séduire. Quelques évolutions moteurs sont commercialisées avec principalement le V6 CDTi qui passe de 177 à 184cv et le V6 3.2 litres de 211cv remplacé par un V6 Holden 2.8 turbo de 250cv que l'on retrouvera chez Saab par exemple. La France n'avait pas droit à la finition "OPC" disponible outre rhin.

General Motors mettra fin à l'aventure et à l'échec commercial fin 2008 la production étant stoppée définitivement en janvier 2009. La Signum n'est pour l'heure sans succession et c'est l'Insignia, remplaçante de le Vectra, qui doit combler tant bien que mal le vide avec ces motorisations puissantes, ces transmissions intégrales ou ces finitions hautes.

Valeur de tansaction :

V6 Turbo Cosmo 60/70 000 kms : 11 à 12 000 €