LOTUS 340 R / 2000-2000
Rare sont les voitures immatriculables en France en étant extrêmes voir radicales. La Lotus 340 R est l'une d'entre elles ! Véritable karting sur roues, elle a été homologuée en toute légalité pour la route y compris chez nous. Pourtant notre législateur n'apprécie pas en général ce genre de véhicule au style aussi provocateur qu'efficace. Il est vrai que dans le cas présent que tout attribut de confort est bannit puisque la 340 R fait la chasse aux kilos (et pas que les superflux) afin d'obtenir les meilleures performances possibles de son châssis.
Justement tout part de là. A la fin des années 80 la marque anglaise est en plein repositionnement. Lotus qui possède dans son catalogue la "lourde" Esprit lance un produit dit leger en 1990 : l'Elan (déjà traitée dans mon blog).Elle sera remplacée en 1996 par l'Elise qui marque véritablement le renouveau du petit constructeur avec une réussite tant commerciale que sportive de la voiture. C'est justement son châssis en aluminium qui est pris pour base et l'idée est d'y rajouter un moteur pointu et quatre roues a chaque angles afin d'obtenir un kart immatriculé c'est à dire un jouet procurant du plaisir à l'état pur. Le concept car est exposé en 1999 et devant l'accueil unanime, la marque décide de lancer sa production en petite série. En y regardant de plus près on se rend compte que le défit était de taille puisque l'Elise prise pour base ne pèse déjà que ...740kgs sans les pleins. Le résultat final est pourtant impressionnant puisque la 340 R ne pèse que 658kgs dans les mêmes conditions. Alors oui impasse a été faite sur pas mal de choses : pas de toit, pas de capote non plus. Pas de poignées de portes car il n'y a pas de portes. Pas de commandes de vitres mécaniques ou électriques car il n'y a pas de vitres. La radio est assurée par le bruit du moteur, la climatisation est naturelle quant à la carrosserie elle est minimale sans passages de roues, ces dernières étant jetées aux quatre coins de la voiture et pourvues de gardes boue en carbone ! Des appendices aérodynamiques sont installés en guise de pare-chocs. Les feux arrières sont positionnés sur des supports en aluminium très lights. Mais le look est encore plus travaillé : les flancs latéraux sont translucides, les feux avants intégrés dans le peu de carrosserie disponible, l'arceau en forme de boucles situé derrière les deux uniques occupants lui aussi en aluminium est du plus bel effet. Quant à l'aileron arrière réglable, il est en carbone et est fixé sur deux supports toujours en alu. A bien y regarder, la 340 R ressemble à un scarabée !
L'habitacle lui aussi très dépouillé est proche d'une ambiance de compétition. Les deux sièges baquets munis de harnais sont fixés à même le châssis. Le passager dispose d'un repose pieds en alu s'il l'atteint... Côté conducteur, seul un compte tours et un compteur de vitesse font face au pilote complété par un écran digital donnant deux informations sur la température d'eau et le niveau de carburant. Le reste des commandes sont regroupées verticalement sur une barre d'aluminium bloquée entre le tableau de bord et le plancher et concernent essentiellement l'allumage des feux. Pour ce qui est du pédalier du frein à main et du levier de la boîte 5 vitesses, ils sont toujours de la même matière et sont très étudiés afin d'être au top de l'efficacité. Seule touche de confort : l'Alcantara présent sur les sièges, le volant ou sur les flancs intérieurs. Les connaisseurs auront reconnus les commodos d'origine Opel/Vauxall
Le moteur en position centrale est d'origine Rover MGF (depuis la disparition de la marque anglaise, Lotus s'approvisionne chez Toyota). D'une cylindrée de 1.8 litres, il a été retravaillé par les ingénieurs motoristes et développe la puissance de 179cv. Autant dire qu'il n'a aucun mal à catapulter la 340 R, le 0 à 100km/h étant donné pour 4.5 secondes et le 0 à 160 km/h en 12.5 secondes. La vitesse de pointe de 170 km/h est pour sa part anecdotique. Si le moteur n'apprécie que modérément les bas régimes, il excelle dansles aigus et monte très vite à 8000tr. Comme tout moteur pointu il afut dépasser les 6000 tr pour passer aux choses sérieuses.D'ailleurs il fait corps avec le châssis, les suspensions et les pneumatiques (15'' à l'avant et 16'' à l'arrière) qui ont été à l'origine spécialement conçus par Yokohama. La tenue de route est ainsi exceptionnelle d'après ceux qui ont eu la chance de l'essayer. Si les accélérations sont décoiffantes et la direction directe, le freinage toujours puissant est très efficace et démunis d'ABS. L'endurance est au rendez vous et permet de prolonger le plaisir et l'attaque ! Attention toutefois : dos fragiles s'abstenir !!
Le jouet commercialisé pour 350 000 (+ 53 000€) n'a été produit qu'à 340 exemplaires en conduites à droite et à gauche.Seuls une vingtaine de 340 R seraient en France (contre 10 lors de la commercialisation) pour un volume global encore en circulation de 300 puisqu'il y a eu quelques sorties de pistes...Si le châssis en aluminium est redoutable, il reste très fragile en cas de choc et est alors condamné car irréparable. Comme bon nombre de matières, l'alu n'apprécie pas la chaleur élevée ! (photo)
Il faudra attendre 7 ans pour voir apparaître de nouveau une autre version encore plus radicale : la 2-Eleven.
Valeur de transaction : à priori entre 30 000 et 40 000€ suivant l'état, l'utilisation et le kilométrage.
photos internet