BMW Z1 / 1987-1991
Nous sommes en 1987 au salon de Frankfort. BMW présente un concept car futuriste devenu réalité avec une mécanique de Série 3 et présenté un an plus tôt à la presse. Il s'agit d'un roadster 2 places dont la ligne tranche véritablement et volontairement avec le reste de la gamme. D'ailleurs son nom est très révélateur puisqu'il est nommé Z1 , le Z signifiant en allemand "zukunft" c'est à dire "futur" comme nous l'avons déjà vu sur la sublime Z8 déjà présentée dans mon blog. Sur ce premier projet carte blanche a été donnée aux ingénieurs et designer pour concevoir un véhicule plaisir cheveux aux vents. Après plusieurs études avec ou sans toit, avec ou sans pare brise, avec un moteur à l'avant ou un à l'arrière, une transmission 4x4 ( dérivé de la 325 iX) ou une propulsion, le Z1 est donc présenté officiellement.
Il est clair qu'au sein de la gamme il fait du bruit. Souvenez vous de la gamme BMW de 1986/1987 : La marque intrinsèquement sportive tente de se forger depuis 1984 une réputation de dieseliste avec son 2.4 D et TD...Les séries 3 et 5 n'ont que le très efficaces M3 (4 cylindres 200cv) et le redoutable M5 ( 6 cylindres 286cv) à mettre vraiment en vitrine. Quant aux séries 6 et 7, elles sont vieillissantes à l'image de la 745i sortie en 1979 dont seuls les initiés se souviennent que son moteur 6 cylindres de 3.5 litres est turbocompressé (le deuxième de l'histoire de la marque depuis la 2002 Turbo) ! Inutile de dire que l'arrivée du Z1 est un coup de tonnerre et de fouet salvateur dans le réseau de la marque. L'aventure Z peut donc débuter ! Et comme tous produits hors normes on nous ressort des tiroirs (c'est toujours le cas aujourd'hui) les sources d'inspiration de fameuses ou fabuleuses épopées comme le roadster 507 des années 50 ou la fabuleuse M1 de la fin des années 70. Comme si une marque comme BMW se devait de se justifier à chaque sortie de modèles extraordinaires.
Alors sur le Z1, au premier abord seul le traditionnel "double haricot" et le logo trahissent sa marque d'appartenance. Le capot est long proportionnellement à la taille de l'engin. Le porte à faux arrière est réduit. On est vraiment dans une ambiance de roadster. Le châssis exclusif est développé et produit spécialement par le carrossier BAUR. La carrosserie en plastique (fabriquée en partie aux USA par General Electric Plastic) est totalement démontable (pas de soudures) et donne une ligne arrondie à la voiture tranchant avec le reste de la gamme aux angles plutôt vifs. La grande originalité du concept est ( et reste encore) ces portières ou plus exactement ces demies portières escamotables électriquement. Sans entrer dans les détails techniques ce sont en fait une multitude de nouveautés technologiques qui sont embarquées dans le Z1.
Une fois encore devant l'accueil très favorable du public qui pré-commande très rapidement 5000 Z1, la marque bavaroise décide de lancer la production d'une petite série à un rythme initial de 6 exemplaires/jour tous montés à la main. Ce sera au final 8012 Z1 qui seront produits entre 1987 et 1991. Débutée sur les chapeaux de roues la production n'arrive pas à suivre les commandes (12 exemplaires produitsen 1987 et 58 en 1988) entraînant un mouvement spéculatif important. Dès 89 le soufflet retombe rapidement et la production sera stoppée en 1991. L' année la plus importante de production restera 1990 avec 4091 Z1. En fait il semble que la source de la spéculation ai pris naissance sur le fait que BMW n'a jamais pu produire plus de 20 exemplaires maxi par jours. Tous les Z1 seront en conduite à gauche sauf un qui le sera en conduite à droite (et lui uniquement motorisé par un 2.7 litres). 6443 Z1 seront vendus en Allemagne et seulement 341 en France. Compte tenu de la complexité générale du produit on parle de l'existence de 71 exemplaires de pré-série (ou mulets) qui ont servis à la mise au point de la voiture de "série"avant d'être revendus à la fin des essais sans garantie.
Mécaniquement le Z1 reprend logiquement le moteur de la 325 i E36 dans sa quasi totalité. Le 6 cylindres est le 2.5 litres de 170cv qui existe déjà et permet ainsi de limiter les coûts de recherche et de développement qu'occasionne la conception d'un nouveau groupe motopropulseur. Sans être extraordinaire il offre l'onctuosité du 6 cylindres en ligne maison avec sa sonorité si caractéristique en évitant la gamme des 4 cylindres moins nobles même s'ils peuvent être plus performant ( comme sur la M3) . Si le moteur sélectionné est agréable à l'oreille, il faut monter au dessus des 4500tr/min pour en tirer de réelles sensations.La boîte Getrag 5 rapports n'est pas sans reproches avec un étagement des rapports curieusement très longs ce qui ne simplifiera pas la tache au Z1 au demeurant assez lourd (1.2t), le châssis ayant été volontairement voulu rigide et offrir un produit performant à l'image de la marque. Néanmoins l'objectif est atteint : le Z1 est une voiture plaisir et attachante. Seuls les gens de grande taille seront frustrés de ne pas pouvoir la conduire ! J'en sais quelque chose...
L'habitacle reste dans la tradition et la rigueur BMW avec un zest d'éxotisme. Le volant 3 branches à jantes rondes est spécifique. Les sièges sports sont recouverts d'un Nubuk qui semble ne pas vraiment résister au temps. Le dos des sièges est habillé de coques en plastique de la teinte de la carrosserie du plus bel effet. Pour le reste on est bien dans une BMW malgré une finition en deça du reste de la gamme de part son type de production artisanal. Le levier de vitesse surmonte le tunnel de transmission, les feux s'allument avec la fameuse molette située à gauche du bloc compteurs qui lui est spécifique et à tendance "moto". La radio Bavaria vendue d'origine surplombe les commandes de chauffage habituelles de la marque. La climatisation n'a jamais été disponible faute de place et de réel besoin. Certains clients ont toutefois adapté une climatisation de Série 3 E30 en lieu et place du chauffage preuve que la place était un réel problème. D'autres clients n'ont pas pris la radio d'origine pour installer une "Sony" de seconde monte. Le clou du spectacle est bel et bien ces portières qui descendent électriquement dans le châssis. Il est même possible de rouler la porte en position basse et de profiter encore plus de l'effet karting. La sensation est vraiment unique et le plaisir par beau temps de ballade très réel.
Disponible jusqu'à 6 teintes extérieures différentes et 4 intérieures, 6177 Z1 ont été en rouge, noir ou vert. Le jaune pastel est le plus rare et à mon sens le plus original (133 exemplaires seulement). Les premiers propriétaires s'étaient même vus proposés d'acheter une autre teinte carrosserie afin de changer de temps en temps la couleur de la voiture. D'après BMW le changement devait prendre 40 minutes.... Dans la réalité c'était beaucoup plus. L'idée des panneaux interchangeables était d'ailleurs la même sur le concept Smart d'origine. Enfin les versions pour la France étaient équipées de phares jaunes....
Vendue 390 000 F de l'époque (en 60 000€) le Z1 était réservé à quelques privilégiés. Face à la lenteur du début de production, un vent de folie parcourra la planète auto les deux premières années parvenant même à plus que doubler le prix du neuf ! Le soufflet retombé les ventes se sont calmées et ma production stoppée en 1991. Toutefois certains Z1 étaient encore disponibles sur le marché avec moins de 500 kms au début des années 2000 .
Bien évidemment comme toute BMW qui se respecte, le "sorcier" Alpina s'est penché sur son couffin pour commercialiser l'équivalent du Z1 sous l'appellation maison "RLE" qui signifie Roadster Limited Edition. Produite en 1990 et 1991 cette version était vendue outre rhin pour la somme de 116 000DM de l'époque. Là encore dans la tradition maison le 2.5 litres jugé un peu court par les amateurs est remplacé par le 2.7 litres de la B3 2.7. Ainsi la puissance est passée de 170 à 200cv (contre 210cv à la B3 ou C2 2.7 litres) pour un couple de 261Nm. Le moteur n'est pas le seul à avoir été modifié. Les trains roulants et la suspension sont également retouchés et des jantes 17'' à rayon Alpina sont posées en lieu et place des 16'' d'origine. La carrosserie était également légèrement revue pour obtenir un look sport sans tomber toutefois dans les spoilers et bas de caisses qui caractérisent les berlines Alpina de l'époque. L'indispensable liseret latéral est bien présent mais le style d'origine est préservé et surtout respecté. Les performances sont bien sur en hausse avec une vitesse de pointe de 228km/h (contre 219), le 0/100 en 7.1 secondes (contre 8.4) et le 0/160 km/h en 17.8 secondes (contre 23). L'habitacle est également touché avec finesse permettant toutefois d'identifier le sorcier au premier coup d'oeil grâce au volant et au levier de vitesse maison. Originalité : une plaque numérotée est apposée avec le logo de la marque dans le moyeu du volant. 66 exemplaires seront finalement produits. Une partie a été exportée vers le Japon (on parle de 35) et le volume européen est estimé à environ 33 RLE vendus. Toutefois 7 à 8 BMW Z1 complémentaires qui seront modifiés en Alpina RLE sans toutefois avoir un numéro de série propre au transformateur allemand ni posséder de jantes 17''.
D'autres préparateurs ont modifiés le Z1 portant la puissance à 245, 286 voir 330cv suivant le moteur pris pour base. Il y aurait eu environ 16 Z1 transformés tous préparateurs confondus.
Valeur de transaction : entre 30 000 et 40 000€ selon état et kilométrage.
La version Alpina
La version BMW Arts car
photos internet
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