CITROEN VISA 1000 PISTES / 1984-1985

18 avril 2015

CITROEN VISA 1000 PISTES / 1984-1985

Citroën en rallye au début des années 80 est présent avec une voiture compacte et très légère : la Visa. Seulement voilà, tous les principaux constructeurs, dont Peugeot, s'engagent dans le groupe B qui est annoncé. Pour l'heure, Citroën travaille sur la piste de sa Visa Trophée engagée en groupe 5, groupe qui est voué à disparaître. Citroën lance donc un vaste programme de développement auprès de partenaires et/ou utilisateurs privés pour mettre au point sa voiture. Il en ressortira 8 prototypes différents. Parmi eux, le plus impressionnant est certainement l'étude demandée à Lotus qui sur un châssis d'Esprit Turbo et son moteur 4 cylindres de 210cv avec boîte de vitesse de SM et positionne une caisse de Visa (photo). Ce vaste programme de 8 propositions bien différentes débouchera, finances obliges, sur certainement la plus simple et la très légère Visa 1000 pistes forte de seulement 145cv mais avec 4 roues motrices puisque Citroën souhaite s'engager notamment sur les courses sur terre.

La présence dans mon blog de cette Visa vient du fait que comme les autres, elle a été construite à 200 exemplaires nécessaire à son homologation + 20 versions évolution pour la course (la version 145cv). Plus que la voiture de course en elle même, c'est la version client qui a été historiquement la première des groupes B françaises a être commercialisée, car contrairement aux idées reçues ce n'était pas la Peugeot 205 T16. En course, la Visa fera ce qu'elle pourra avec ces petits moyens face aux montres qui arrivent à tour de rôle au fil des mois, obligeant en fait la marque à réagir pour la remplacer par une voiture normalement nettement plus dans la course et qui fera l'objet de mon prochain billet : la BX4TC. Toujours est il que cette Visa reste certainement la plus méconnue mais surtout la plus rare avec seulement 200 exemplaires.

Historiquement la Visa Chrono (qui a eu de multiples développements de course) a donné naissance à la Visa GT Tonic qui elle même a servi de base à la 1000 pistes (en hommage au rallye du même nom gagné par la marque avec une Visa 4x4 expérimentale). C'est une période où le constructeur français est très engagé dans les formules de promotions de rallye pour les jeunes et destinés au petits budgets, ou encore dans les catégories féminines. Dans la même optique de véhicule à budget serré, Peugeot reprendra l'idée quelques années plus tard en commercialisant celle que vous connaissez sûrement mieux : la 205 Rallye. Pour l'heure, seules des Visa prototypes sont engagées en rallye en groupe S. Ce groupe tirera donc sa révérence le 1er janvier 1982 avec l'arrivée du groupe B. Pour continuer, la solution la plus simple et la plus rapide pour le constructeur français est donc de s'engager dans cette nouvelle catégorie en y produisant 200 exemplaires prêts à courir. La Visa est une petite voiture avec une petite cylindrée légèrement supérieure à 1200cm3 pour 660 kilos à l'origine. Pour rester proche de ce concept et être homologué en groupe B, la voiture devra faire au minimum 1300 cm3 pour 675 kilos. Des tests sont donc effectués sur plusieurs prototypes avant de lancer la 1000 pistes en production. Là aussi la réalisation de la Visa en traction intégrale vient de l'apparition d'Audi et de son système Quattro qui va véritablement bouleversé le paysage du rallye puisqu'initialement Citroën cherchait un véhicule capable de contrer la R5 Turbo qui semblait pourtant elle aussi révolutionnaire. La voiture ne sera finalement homologuée qu'en avril 1984, poussant Citroën à engager deux exemplaires prototypes affutés au Paris Dakar de la même année mais en 2 roues motrices. Il faudra attendre début 1985 pour voir les débuts de la 1000 pistes au Rallye de Monte Carlo mais aussi sur le Paris Dakar aux mains de Jean Luc Thérier et Marc Lacaze, tous deux pilotes à priori officiels à l'époque. A priori car un très violent tonneau par l'avant lors d'une spéciale laissa J.L Therier bien seul une fois rapatrié avec ces séquelles mettant fin à sa carrière professionnelle impressionnante.

Afin de contenir au mieux les coûts de développement et maintenir au plus bas le prix de revient global du projet, les coques d'origines de la voiture issues de la Visa Tonic sont expédiées chez Heuliez pour être montées et recevoir les suspensions spécifiques ainsi que le train arrière la transformant en 4x4. Si les versions "Evolution" possèdent le moteur de 1434 cm3 qui développe 145cv, la version client n'a droit pour sa part qu'au 1360cm3 de 112cv, un frein à main classique et des disques non ventilés (seules grosses différences avec la version Evo). Son couple de 13.4 mkg pour un poids de 915 kilos n'impressionne personne sur le papier. La carrosserie est également modifiée avec des élargisseurs d'ailes rivetés, assez tendance à l'époque, pour mieux adapter trains roulants et pneumatiques.. La boîte de vitesse d'origine est modifiée en ajoutant un boîtier de transfert, des cardans ayant même été empruntés à la Renault 14. Le pont arrière est débrayable depuis l'habitacle et la direction assistée n'est pas à l'ordre du jour. En fait la voiture a été pensée avec une base excitante et des pièces recyclées le tout pour un budget minimum.Simple et efficace.Côté moteur, la 1000 pistes reprend le 1.4 litres alimenté par 2 carburateurs double corps issu de la Chrono eux mêmes issus des Peugeot 104 ZS. Avec "seulement" 112cv, la voiture ne pesait que 850 kilos avec 4 roues motrices. Sur la route les performances sont assez ordinaires, son terrain de jeu favori étant le sable, la terre voir même la neige. En course il en était de même car la voiture brillait régulièrement sur ces surfaces glissantes avantagée par son poids plume. Sa notoriété et efficacité sur ces terrains particuliers durera pas moins de 15 ans, preuve que la base était très efficace. Avec une vitesse de pointe de 182 km/h et un 0-100km/h réalisé en 10.4 secondes, la version "client" ne consommait en moyenne que 12 litres/100 kms bien loin des 20 litres en moyenne des autres groupes B commercialisées.

Esthétiquement, la teinte de la voiture est exclusivement blanche avec des bandes rouges et bleues très chauvin. L'essentiel de la carrosserie d'origine de la Tonic est conservée à quelques détails près dont le logo doublé des doubles chevrons. De grosses inscriptions "4 roues motrices" recouvrent en grande partie les portières. Les jantes peintes sont à trois trous et en plus des ailes, ce sont le spoiler avant et le bequet arrière qui sont rivetée soulignant ainsi le côté artisanal du produit. L'habitacle est un mélange entre GT Tonic et Chrono avec des touches sportives pour le bloc compteur qui semble être sorti de nul part et qui a été rentré en force sur cette planche de bord de série. Son seul intérêt et d'être simple et efficace, le bloc à cadrans carrés et les fameuses commandes en plastique "tout en un" d'origine étant fort heureusement remplacées (photos). Les sièges sont très simples et pas vraiment sportifs dans l'âme. Si leur forme peut faire illusion 1/4 de seconde, la mousse utilisée ne trompe pas ! C'est du basique comme le tissus.

La 1000 pistes commercialisée à 120 000 F se vend sans encombres compte tenu de son rapport prix/efficacité, l'essentiel des Visa étant réutilisées pour courir. Il faut bien avouer qu'en la voyant et en regardant sa fiche technique, l'amateur de Visa se tournera d'avantage vers des versions nettement moins coûteuses et prodiguant les mêmes plaisirs comme la série Chrono ou la GTi. Le constructeur poursuit néanmoins le développement de sa 1000 pistes afin de proposer pour la suite un véhicule nettement plus puissant et performant l'objectif étant d'atteindre le podium en course face aux Audi, Peugeot, Lancia ou Ford. D'autres prototypes sont testés avec des moteurs turbocompressés dont principalement une version de 250cv. Il faut dire que les études des 8 prototypes quelques temps plus tôt avaient bien débroussaillé le terrain. Toutefois, en interne, compte tenu de l'image et des retombées liées à la compétition la préférence s'oriente vers la dernière venue dans la gamme : la BX. C'est finalement cette nouvelle voiture qui aboutira à une nouvelle homologation entraînant donc une nouvelle production de 200 exemplaires.

A suivre...

Valeur de transaction : de 15 000 à 20 000 € selon l'état