PEUGEOT 1007 /2005-2009

12 juin 2015

A l'heure où le vent du SUV souffle crescendo sur la production automobile européenne, celui du monospace s'est quelque peu essoufflé après avoir connu ces heures de gloire avec bien sur le Renault Espace contre lequel PSA avait répliqué avec le duo Evasion / 806 suivis des C8 / 807 sans oublier le compact Renault Scenic auquel PSA a répliqué à travers le Xsara Picasso.

Mais en ce début des années 2000, Peugeot conservateur dans l'âme possède une gamme très traditionnelle avec notamment une culture du break qui a néanmoins évolué avec une certaine modularité (sièges modulables) un toit panoramique fixe et du coup adopté l'appellation SW. A l'époque le message du groupe est limpide : les Monospaces pour Citroën et les breaks pour Peugeot.

Dans la trace du leader du segment, Renault, qui s'essaye à revisiter le monospace en coupé avec l'Avantime (présent dans mon blog), la marque au lion "ose" lors du Mondial de l'Auto 2002 un Concept Car décallé : le Sésame. Celui-ci donnera naissance à la 1007, premier monospace urbain de la marque dont la présentation officielle aura lieu 2 ans plus tard au Mondial de l'auto 2004.

La 1007 c'est le premier de la famille des 1000, comprenez par là le nouveau segment interne incluant les monospaces et autres SUV que la marque aura finalement à son catalogue consciente qu'une partie du marché est en train de lui échapper. Citroën occupant avec succès le segment du compact avec le Xsara Picasso, il n'est pas question de lui faire de l'ombre. Avec ces 3.73 mètres de long, le 1007 est alors un petit monospace doté de deux portes latérales électriques coulissantes. Si son objectif n'est pas forcement de concurrencer la Citroen C2 assez appréciée en ville de part sa taille, c'est bien la Renault Modus fraîchement débarquée sur le marché que Peugeot a dans son viseur en 2002.

Le concept Sésame est né d'une coopération du bureau de style Peugeot et de celui de Pininfarina une grande tradition à l'époque. C'est l'italien qui remporta cette "compétition" en ayant présenté initialement non pas 1 mais 2 concepts assez proches. Ce Sésame est en fait un "microspace" qui se veut positionné sur le haut du segment visé en étant extrapolé d'un chassis de la Citroën C2 lui même étant celui de la C3 raccourci. Son but : créer avec des dimensions extérieures réduites une ambiance de monospace avec de larges ouvertures et une sensation de volume intérieur importante. Pour cela pas de secret : la voiture doit posséder de larges portes pour faciliter l'accès à bord. Mais de larges portes sont, en ville, synonyme d'encombrement important et de coups de portières quotidiens. Qu'à cela ne tienne, pour marquer sa différence, elles seront coulissantes, électriques et même commandables à distance. Sur les deux concepts présentés à l'époque par Pininfarina les portes sont coulissantes comme sur le 806 de la marque. Le premier, non retenu, possède 2 demies portes de chaque côtés, l'une s'ouvrant vers l'avant et l'autre vers l'arrière à la façon d'un bus de ville ou d'un métro par exemple. L'autre, celui retenu, possède 2 portes plus grandes s'ouvrant uniquement vers l'arrière. Du fait du poids important, elles seront pour l'occasion électrifiées en pouvant même être commandées depuis la clé de la voiture. Pour ce qui est du volume intérieur, il doit donner cette sensation de monospace. La voiture fait ainsi une hauteur de 1.62 mètres contre 1.46 mètres à la "traditionnelle" C2. Mais sur un châssis aussi court et pour conserver cette sensation la Sésame n'offre que 4 places tout comme la C2 ou la Renault Twingo. Côté modularité les sièges arrières sont séparés mais coulissants permettant ainsi de varier le volume du coffre mais en permettant d'accueillir 2 adultes à l'arrière le cas échéant. Intérieurement le concept Sésame pioche largement dans la banque d'équipements de la maison : commodos, bouches de ventilation, combiné de chauffage et de climatisation, radio, levier de vitesse, pas de doute on est chez PSA. Si on est ici en présence d'un concept, le prototype est si abouti que l'on l'imagine en production immédiate. En fait 80% de cet habitacle s'avèrera être définitif. L'habillage en cuir intégral bicolore du Sésame lui donne un aspect haut de gamme cher aux produits exposés sur les salons. Mais si le produit a pour objectif de concurrencer également les Mini, Audi A2 et autres Lancia Ypsilon jugées plus chères et super équipées, la 1007 doit se positionner financièrement légèrement en dessous d'une 206 à équipements et motorisations équivalents.

C'est ainsi que 2 ans plus tard, au Mondial 2004, la 1007 est officiellement présentée et lancée en fabrication dès septembre 2004 pour une commercialisation prévue début 2005. Au lancement, fin avril, seuls trois moteurs sont au programme : le 1.4 essence de 75cv, le 1.6 16v essence de 110cv et l'ambigu et incontournable 1.4HDi de 70 cv pour la version diesel nouvel eldorado de la marque. En fait elle reprend ici la même gamme que la Citroën C3 Pluriel qui possède le même soubassement. La 1007 propose également sa boîte robotisée Sensodrive retravaillée et rebaptisée 2-Tronic pour l'occasion. Cette boîte se veut simple, moderne et peu coûteuse à produire. Sur le plan esthétique malgré sa surface frontale et son volume imposant, la face avant se calque sur la ligne de la 407 qui symbolise alors le nouveau design de la marque avec cette bouche énorme. Sur le plan intérieur, Peugeot a logiquement retiré le cuir bicolore du concept mais pour proposer un intérieur interchangeable permettant de changer soi-même les revêtements et accessoires colorés de la planche de bord et des sièges. Les coloris intérieurs bouleverse là encore la tradition maison à travers cette approche dite "caméléo" forte de 12 coloris différents dont les motifs principaux hauts en couleurs sont montés sur fermetures éclaires. Contre 250€ elles peuvent être changées en 1/4 d'heure ! Cette idée envisagée initialement chez Smart n'avait jamais été exploitée industriellement. Elle sera chez Peugeot une réalitée ! Pour accentuer l'effet volume, un toit panoramique est également prévu donnant à l'habitacle une clareté très appréciable. Enfin, le gps couleur ainsi que l'aide au parking indispensable en ville seront de la partie mais en option. Pour les plus exigeants sur le plan du look, jantes alumiuim(450 à 60€) et barres de toit (150€) seront également au catalogue.

Pour l'ébauche quasi définitive de la voiture, la fourchette de prix de base envisagée est de 11 000 à 12 000€ sans la climatisation. Malgré cela, la voiture doit posséder un équipement sécuritaire important car il n'est pas question pour Peugeot d'être mal noté à un crash-test ou d'échouer au test dit de l'Elan comme ce fut le cas,en son temps, avec la Mercedes Classe A de première génération. ABS, ESP, et 7 Airbags seront ainsi de série sur toutes les versions.

Voilà donc la 1007 fin prête pour sa commercialisation. Elle possède pas mal d'attouts pour une voiture urbaine. Séduisante sur le papier, la voiture semble bien en phase avec son marché et décalée face à la concurrence. Reste à transformer l'essai. Disponible en entrée de gamme contre finalement 13 750€, le coeur de gamme se trouve être, en fait, sur la tranche 16 500 / 17 500€ pour une version digne de ces prétentions tant sur le plan de la motorisation que de l'équipement. C'est là que l'on trouve alors un premier blocage commercial du produit. Sont présents logiquement sur la liste des options le gps, assez lent et bruyant, mais pouvant être en couleur et plutôt bien intégré dans la planche de bord pour un prix allant de 2220 à 2400 € (selon la finition), la hifi JBL (400€) ainsi qu'un toit ouvrant panoramique très agréable contre 700€ rendant la climatisation obligatoire sous peine de surchauffe des occupants (climatisation à 990€ sur le premier niveau).

Sur le plan dynamique pur, les premiers essais font ressortir sans mal ce qui va plomber la voiture : son poids ! Si le châssis est rigoureux et efficace dans la pure tradition Peugeot, les portes électriques très utiles et pratiques alourdissent immanquablement la 1007 qui accuse un poids moyen de 1200 kilos sur la bascule contre moins d'une tonne à la C2. Si l'on greffe sous le capot des moteurs essence plus ou moins anciens puissants et donc gourmands le résultat est sans appel : c'est une punition ! Ainsi la plus performante et crédible du lot, la 1.6 16v, disponible, à la sortie, uniquement en boîte robotisée 2-Tronic est capable de 11 litres en ville ! Le 1.4 anémique, sans couple de seulement 75cv est capable de 9 litres dans les mêmes conditions. Seul le 1.4HDi limite la casse sur le plan des consommations mais la 1007 semble alors largement sous motorisée avec 70cv.

Dès 2006, la gamme est remaniée afin d'essayer non pas de séduire mais d'atteindre les volumes de ventes envisagés par la marque. Il semble bien que la grille tarifaire soit le principal frein commercial. Pour cela, un 1.4 16v de 90cv plus moderne fait son apparition ainsi que le 1.6 16v essence de 110cv disponible cette fois en boîte mécanique. La 1007 est alors produite dans l'usine de Poissy en région parisienne à un rythme de 100 unités/ jour. Il faudra attendre 2007 pour qu'elle obtienne un moteur suffisamment performant lui permettant de gommer sa surcharge pondérale. Grâce à son couple de 26.5mkg (contre seulement 16.3Nm au 1.4HDi et 12Nm au 1.4 i de 75cv), les relances sont nettement plus convaincantes tout en limitant les consommations. Logiquement cette motorisation diesel sera plus dynamique que la 1.6 16v essence de même puissance particulièrement creux à bas régime et donc lors des relances. Làs ce moteur diesel s'averrera avoir une fiabilité plus que contestable (valable sur tous les modèles du groupe l'ayant adopté) et la 1007 aura alors des tarifs pouvant frôler les ...20 000€ ! Peugeot profite aussi de l'occasion pour revoir sa finition d'"attaque" supprimant l'ESP ( disponible alors en option à 470€), supprimant les 7 airbags pour n'en proposer plus que 4 mais en incluant (enfin) l'air conditionné jusque là facturé 990€.

Outre le prix de vente jugé trop élevé par la clientèle, c'est bien la fiabilité qui desservira la carrière des clients séduits ou convaincu (à raison) que la 1007 est un monospace urbain pratique et agréable. Si le 1.6HDi connaît des fuites au niveau de ces joints d'injecteurs, le traitement réel en amont du problème ne s'effectuera dans les réseaux qu'à la fin de la carrière de ce bloc. Les conséquences fâcheuses et bien connues des ateliers PSA est le bouchage de la crépine assurant la lubrification du turbo. Non traité dans les temps, les conséquences sont une casse pure et simple du turbo pouvant aller jusqu'à la casse du moteur. Le 1.4HDi a connu également ces fuites d'injecteurs mais n'entrainant pas les même conséquences dramatiques fort heureusement. Bien faiblard sous le capot ce bloc diesel fait ce qu'il peut bruyamment, l'utilisateur devant rouler en quasi permanence pied à la planche ! Le 1.6 16v essence a connu pour sa part des soucis avec ces bobines d'allumage ainsi que de ces poussoirs de ces soupapes d'échappement avec pour effet de faire tourner la voiture sur 3 voir 2 cylindres. Plus grave la culasse et le moteur pouvaient être touchés ! Côté boîte de vitesse si la version robotisée était particulièrement lente et peu agréable, c'est la version mécanique qui a donné des signes récurrents de faiblesse tout au long de sa carrière. Enfin, les portes latérales si pratiques au demeurant tomberont régulièrement en panne, allant jusqu'à s'ouvrir lors d'un lavage au rouleau (il fallait penser à verrouiller la voiture) et les poignées extérieures très disgracieuses se cassant régulièrement lors de leur utilisation !

Alors au final que reste t-il de la 1007 ? Ceci expliquant cela, la production est stoppée en juillet 2010 dans la plus grande discrétion après, quand même, 124 100 exemplaires. Sauf que, dans le même temps, la C2 a été pour sa part produite à 640 000 exemplaires et la Modus à plus de 665 000 ! Les dernières immatriculations dureront plusieurs longs mois jusqu'à l'épuisement du stock et ce avec l'aide de ventes à prix cassés sur internet ce qui constituait à l'époque une grande première voir même le buzz.

Suite à un autre concept d'interprétation présenté aussi en 2004, il a été envisagé pendant un temps de proposer une 1007 RC motorisée par le 1.6 16v essence mais poussé cette fois à 140cv. Ce projet n'aboutira pas, la marque ne proposant finalement qu'une série limitée au look sportif et sympathique : la RC Line disponible uniquement avec le 1.6 16v essence de 110cv en boîte mécanique ou robotisée. D'autre série spéciales ont été développées pour la France ou des marchés Européens. Ainsi nous avons eu droit aux "Avant Première" et "Pack Limited" en 2005, aux "Cappuccino" et "Roxy" en 2006 ou encore à la "Black§Silver" en 2009 Par contre la "Freddy" n'a été commercialisée que pour l'Italie en 2005, la "Elle" pour la Belgique en 2006, et la "Quicksilver" pour la Suisse la même année.

Une chose est sûre aujourd'hui cette 1007 avec un look de nouvelle 308 ou 108 et motorisée par le récent et prometteur 1.2 Puretech de 110cv associé à la très bonne boîte automatique japonaise Aisin à 6 rapports formerait un couple quasi parfait ! Dommage...car la mode est au SUV.