JAGUAR XJR-S 6.0 / 1989-1993

2 septembre 2015

JAGUAR XJR-S 6.0 / 1989-1993

Lorsque Jaguar présente ce coupé sport en 1990, tout le monde en attend beaucoup. Et pour cause elle est le premier aboutissement d'une société commune baptisée Jaguar Sport, fruit de l'association de Jaguar Cars et du très médiatique team TWR (Tom Walkinshaw Racing) d'alors. Le but pour la marque engagée en compétition à travers l'endurance est de proposer une gamme à part et à tendance hyper sportive.

En cette fin des années 80, la marque anglaise sous pavillon américain Ford n'a pourtant pas beaucoup de bases de développement à se mettre sous la dent. Avec la XJ qui représente l'essentiel des volumes, elle ne propose pour les plus fortunés que l'alternative Daimler devenue des XJ suréquipées reconnaissables à leurs calandres cannelées. Seul le vieux coupé XJS semble être une base envisageable même s'il n' a pas vraiment l'air taillé pour la course. En plus ce fameux coupé vu dans certains episodes du "Saint" avec Simon Templar, accumule le poids des années puisque sa commercialisation est intervenue en 1979 ! Une version sportive baptisée XJR-S 5.3 litres sort néanmoins en août 1989 et durera jusqu'au mois d'août 1990 histoire de préparer le terrain...

TWR reprend ce dossier et travaille sur le bloc qui est alors le plus prestigieux de la marque à savoir le V12 de 5.3 litres. Il en extrapole une version de 6.0 litres grâce au rallongement de la course qui a entraîné l'utilisation de nouveaux pistons, bielles, chemises ainsi que d'un nouveau vilebrequin. Un système de commande fabriqué par le motoriste bien connu Zytek à injection séquentielle et allumage numérique ont même été inaugurés pour l'occasion. Cette technologie est en fait directement issue de la compétition puisque utilisée par la marque en Endurance dans la catégorie où elle est engagée : le groupe C. Le V12 propose alors dans cette configuration la puissance respectable qui est annoncée à 318cv pour un couple donné de 50.5mkg soit 476 Nm. Il en fera finalement "que" 305 à 5250 tr/min. La traditionnelle boîte de vitesses automatique à 4 rapports a du être pour l'occasion ré-étalonnée pour mieux exploiter les nouvelles capacités du moteur. Le rétrogradage des rapports a également été revu en étant plus rapide pour gagner en réactivité. La suspension a été elle aussi modifiée par la marque Bilstein pour être raffermie ainsi que les pneumatiques disponibles en 16 '' avec des largeurs impressionnantes de 225 à l'avant et de 245 à l'arrière. Ils ont été développés fort logiquement par l'anglais Dunlop encore en relation directe avec la technologie utilisée sur les pistes en Endurance. La direction a été élaborée par les bureaux JaguarSport afin de répondre parfaitement aux exigences de la marque (confort) et de la voiture (sport). Le résultat était jugé très convainquent par les essayeurs de l'époque. Les freins sont surdimenssionnés sur cette version pour répondre aux performances de la bête.

Esthétiquement, les touches de sportivité et d'efficacité sont de mise. La XJR-S se reconnaît déjà par son imposant aileron disposé sur le coffre. Les 4 sorties d'échappement ainsi que la plaque "6.0 litres" finissent d'annoncer le programme pour la partie arrière. Les jantes alu dites "Speedline" (tout un programme !) et les bas de caisses couleur carrosserie en rajoutent pour la partie latérale. Enfin la partie avant a droit à une calandre remaniée histoire de tenter de gommer les années de cette voiture déjà ancienne avec le rajout d'une petite plaque " Sport" qui est insérée sur la grille côté droit. Globalement les touches de chromes qui font partis des gènes de la marque peuvent être conservées mais aussi être remplacés, en option, par des éléments noir mat contre 18 730 F, tarif qui faisait de cette option la plus chère sur les XJS.

L'habitacle, par contre, n'a rien d'extraordiaire. Mis à part un petit volant "Momo" spécialement conçu pour cette version, le reste conserve le confort et le suréquipement qui caractérise Jaguar sur le créneau du haut de gamme. Cuir Connolly et panneaux en ronce de noyer sont bien à leur place. Pas de sièges sports, ni de ceintures de couleur et encore moins de compteurs véritablement spécifiques. JaguarSport a semble t-il manqué d'idées ou sûrement de budget, voir les deux. C'est un peu dommage même si on retrouve bien l'atmosphère et le raffinement de la marque mais sans réelle touche de sport hormis le sur-piquage du cuir qui est de la couleur de la carrosserie. Le reste des équipements est, sans grande surprise, conforme à ce niveau de gamme avec la climatisation, les sièges avants chauffants, l'ordinateur de bord ou encore la hi-fi avec le fameux radio K7 au son "Dolby" qui était à l'époque révolutionnaire... Par rapport à une XJS classique seul le volant et la peinture métallisée étaient offerts sur cette XJR.

Sur le plan des performances, la XJR-S 6.0 revendique 250 km/h qui sont en fait auto-limités. A cette vitesse le compteur est quelque peu optimiste puisqu'il affiche 278 km/h. La réalité est donc moindre même si cette Jaguar est la plus rapide jamais produite pour une utilisation routière. Il faut dire que la voiture ne fait pas qu'accuser le poids des ans. En effet elle atteint 1.8 t sur la bascule ! Elle boxe donc dans la catégorie des lourds ! Malgré son air pataud,le 0-100km/h est annoncé.en 6.9 secondes. Si le couple maxi de 476 Nm est obtenu à 3000 tr/min, c'est en fait celui disponible sur la plage de 2250 à 4500 tr/min qui impressionne avec ces 455Nm. Le moteur est donc rond, linéaire puis devient ensuite puissant et enfin rageur à plus de 5000 tr/min.

Vendue 518 700 F en mai 1991, la XJR-S 6.0 fut produite à 390 exemplaires en version coupé entre août 1989 et mai 1993. Une version cabriolet a été produite pour les USA jusqu'en 1992. Il semble que cette version, disponible sur commande, ait été réalisée à 50 exemplaires seulement. Une transformation en version break de chasse a même été réalisée par le spécialiste de la marque le fameux "Lynx" en 1993 (déjà vu sur mon billet sur les breaks de chasse). Pour ce qui est du XJR-S 5.3 qui l'a précédé pendant un an, il a été produit à 450 exemplaires dont une série limitée dédiée au Mans produite à 100 exemplaires.

Avec le recul cette XJR-S manque quelque peu de crédibilité question sport. Elle sera suivie dans la production par une version nettement plus convainquante : la très exclusive XJ 220 déjà traitée dans mon blog.

Valeur de transaction :à priori de 16 000 à 20 000€