MERCEDES 500 E / 1990-1995
En cette fin de cette décennie 80, le constructeur Mercedes Benz est habitué à être confronté à une concurrence importante sur son créneaux historique : la série E. Seulement voilà, certaines marques ont affûtées leurs armes et proposent un haut de gamme sportif, BMW en tête avec sa fameuse M5.
Plus habituée à faire le buz à travers ces 5 ou 6 cylindres ...diesels, Mercedes réagit néanmoins et met les choses au clair en mettant pour la première fois un V8 essence sous le capot de sa berline : la 500 E. Elle sera poussée et surtout aidée par ce qui n'est encore qu'un préparateur, AMG, puisque celui-ci a déjà osé mettre un V8 sous le capot de la E ! Et quel V8 ! Il s'agissait du 5.6 litres des 560 SE/SEL et 560 SEC, dont la version coupé (SEC) était tant appréciée des pilotes de F1 d'alors. AMG a d'ailleurs installé des V8 sur cette E dès sa sortie, jugeant le 6 cylindres d'origine trop léger. Apparu avec un V8 de 5.0 litres pour 340cv, la puissance passera à 355 avec la cylindrée portée à 5.4 litres avant d'atteindre 360cv avec le 5.6 litres. Cette revue et corrigée par AMG est surnommée "The Hammer" aux USA (littéralement le marteau). La cylindrée continuera de progresser pendant la carrière de la 500 E afin de répondre à Mercedes. Elle atteindra ainsi 6.5 litres pour une puissance de 450cv ! La vitesse de pointe revendiquera alors 285 km/h.
Côté Mercedes, la caisse W 124, nom de code du châssis de cette E, est aujourd'hui plus qu' hier l'increvable de l'époque. Cette gamme pantouflarde dominée et réputée pour ces diesels, possède une gamme essence qui est assez complète avec à son sommet un 6 cylindres en lignes 24 soupapes de 220cv. C'est bien court face à la M5 BMW E34 sortie en 1989 avec son 3.6 litres qui culmine à 315cv. Cette M5 possède déjà une solide réputation sur le créneau grâce à son premier opus sur base E28 qui avait alors le moteur de la mythique M1 avec 286cv.
Voyant son image quelque peu effritée par cette clientèle qui s'oriente vers la sportive de chez BMW, Mercedes se doit de réagir et trouve l'idée de la réponse chez ce qui était encore pour la firme allemande qu'un espèce de poil à gratter : AMG. En effet, le sorcier n'est alors qu'un préparateur ( A et M étant les initiales de l'ancien ingénieur Mercedes et de son financier de l'époque, M étant la ville d'origine de l'ingénieur) indépendant qui transforme le look tranquille des Mercedes en démont noir pour la grande majorité, mais c'est lui aussi qui, à travers une implication en compétition propose des évolutions techniques des voitures leur permettant d'avoir des performances bien supérieures à celles des modèles initiaux. Sur la E, AMG a donc l'idée du V8 et a surtout osé le faire. Pour Mercedes, pas question cependant de prendre le même bloc qui est vieillissant, d'autant plus que la "E" est déjà en milieu de carrière. Néanmoins, il faut redonner un coup de boost à la gamme en présentant un produit qui sera une vitrine technologique à hautes performances.
Esthétiquement le souhait de la marque était de proposer une version ultra sportive mais en respectant la tradition c'est à dire discrète. C'est donc réussit puisque seuls les connaisseurs ne la confondront pas avec une 300 D version taxi ! En effet seules les ailes sont légèrement gonflées puisque élargies de 28 millimètres, permettant l'implantation de roues de 16'' au design volontairement semblable à celui d'une simple série 200 équipée de jantes alu...en option comm le il se doit. Les boucliers sont également subtilement retouchés et élargis, seul celui de l'arrière sera repris 2 ans plus tard sur la 420 E équipée elle aussi d'un V8 mais de seulement 279cv.
Le moteur étant le véritable socle du modèle, Mercedes choisit d'implanter donc son tout nouveau V8 de 5.0 litres sorti depuis peu pour son formidable roadster SL. Pour réaliser ce défit technique, Mercedes cherche un allié de haut niveau sur lequel s'appuyer. Justement en "local" Porsche en manque de volume de production est demandeur car il recherche une solution pour utiliser une chaîne de production disponible à présent et qui a servit à assembler les 959 (modèle déjà traité dans mon blog). Après deux années d'études et de tests, la production commence en 1990. Elle a toutefois de grosses contraintes puisque Mercedes souhaite naturellement garder la "main" sur la qualité de production et plus précisément sur celui du traitement anticorrosion appliqué en peinture. Pourtant à l'époque, Porsche avait également une technique anti-corrosion très poussée et pour prouver d'ailleurs toute son efficacité, la firme exposait fièrement une coque de 911 juste traitée dans la cours de l'usine et ce pour une durée de 25ans ! Cela étant Mercedes souhaitait appliquer sa technique de traitement (il est vrai très rigoureuse et réputée) obligeant à organiser un balais incessant de vas et viens entre les deux usines. Pour ce faire il y avait plusieurs étapes. Dans un premier temps, tous les éléments de la coque étaient expédiés chez Porsche pour y être assemblés. Les coques nues étaient ensuite expédiées chez Mercedes pour y être traitées et peintes. Elles retournaient ensuite chez Porsche pour la partie finale : implantation de toute la mécanique et de l'habitacle. Ce traitement spécifique à étapes a eu logiquement pour conséquence de plomber quelque peu le prix de vente final.
Le châssis est l'oeuvre de Porsche. Son savoir faire sur la haute vitesse est apprécié par Mercedes qui lui laisse alors carte blanche. Les voies avants et arrières sont alors élargies, la suspension raccourcie et un correcteur d'assiette hydraulique est implanté sur l'essieu arrière car Mercedes souhaite conserver le confort qui caractérise alors la marque. Le résultat est à la hauteur du cahier des charges.
Les performances de l'auto interpellent quelque peu. Avec 326cv associés à l'excellente boîte auto 4 rapports maison pour 1.7 tonnes, les reprises et accélérations sont de tout premier ordre avec un 0-100 km/h en 6.5 secondes ou encore un 1000 mètres départ arrêté en 25.9 secondes. Certes les consommations avec une moyenne officielle de 13.5 litres/100kms obligeaient les propriétaires à se rendre très souvent à la pompe malgré un réservoir porté à 90 litres, mais ne souhaitant pas se comparer véritablement à AMG, Mercedes profite d'un récent accord entre différents constructeurs sur le bridage de la vitesse maxi à 250 km/h pour l'appliquer à sa 500E. Ainsi l'honneur est sauf, même si la marque ne joue pas véritablement sur le même registre qu'AMG avec une notion du confort et du luxe préservé. Officieusement la vitesse de pointe non bridée aurait été de 260 km/h. Sur la route la voiture sera bluffante, puissante et confortable le tout avec une consommation pouvant devenir logiquement très vite gargantuesque (+20 litres/100kms). L'objectif de la marque est donc atteint. Sur la piste, elle sera logiquement en retrait face aux AMG, Brabus, Calrson, Alpina et surtout la BMW M5 véritable sportive dans l'âme. Mercedes préférait alors une conception différente de son auto qui ne possédait pas la même philosophie que le département Motorsport de BMW. C'est en 2005 que la donne change puisque la marque à l'étoile intègre totalement la marque AMG en créant un département compétition et sportif. Les Mercedes-AMG d'aujourd'hui sont alors au programme pour notre plus grand bonheur.
L'habitacle est conforme au reste de la gamme. L'essentiel des équipements sont de série avec notamment la climatisation, le cuir ou la radio Becker. Le reste est semblable aux autres modèles avec le bois, le régulateur de vitesse, les vitres électriques disposées au niveau du levier de vitesse, ainsi que la commande de réglage du rétroviseur extérieur droit, volontairement plus petit par soucis aérodynamique.
Vendue 550 000 F en 1991, la voiture sautera à 568 700 F en février 1993 lors de l'arrivée de la phase 2 en devenant E 500.
Porsche assemblera jusqu'à 11 véhicules par jour pour une production finale qui sera stoppée en 1995 au bout de 10479 exemplaires. D'ailleurs à l'annonce de l'arrêt du modèle, la marque connut une recrudescence de ces bons de commandes, le public ayant compris qu'une page historique allait se tourner. Ainsi ce sont pas moins de 120 E 500 qui seront produites entre janvier et mai 1995, date où la chaîne a été récupérée par Porsche pour produire une autre sportive: l'Audi RS2 (déjà traitée dans mon blog). Néanmoins pendant ces 5 années, la 500 E eu droit à son lifting. En fait tout le monde l'a oublié puisque visuellement seul le capot et les optiques avants et arrières ont été retouchés. Techniquement peu de modifications ont été faites hormis quelques détails tels les freins arrières plus gros repris de la 600 SL ou encore la double radio Becker remplacée par une Becker simple ou une radio Alpines plus moderne. En fait c'est plus sur le symbole que cette phase 2 évolue. En effet la 500 E devient alors la E 500, s'intégrant dans la nouvelle politique de la marque qui mettait en place sa nouvelle organisation de "Classes" qui est aujourd'hui toujours d'actualité.
Seule la Suisse aura droit à une série limitée à ...500 exemplaires baptisée 500 E Limited. Disponible uniquement en noir ou gris, la voiture possédait des jantes de 17'' façon DTM, championnat dans lequel la marque était alors très impliquée via...AMG. L'intérieur était en cuir bicolore sur fond d'insert imitation carbone au design plus sportif.
L'homologation de la 500 E pour les Etats-Unis sera effective et 1528 exemplaires y seront ainsi exportés. Initialement de la même puissance que chez nous, le moteur passera de 326 à 319cv à partir de 1993 date de mise en application des nouvelles normes anti-pollutions.
C'est logiquement l'Allemagne qui absorbera près de 50% des volumes, la voiture étant très demandée là bas.
Par son allure et sa discrétion générale, la 500 E restera longtemps comparée à un taxi tant et si bien que sa présence sera effective dans le premier opus de la série "Taxi" dans le rôle du "méchant". Les courses poursuites millimétrées par l'équipe de Remy Julienne n'avait rien de paisible et reposant. Cette E 500 remise en conformité est d'ailleurs à vendre sur le bon coin pour 21 000€ avec 280 000 kilomètres au compteur
Valeur de transaction : de 10 000 à 25 000 € pour un véhicule irréprochable et entretenu dans et selon les normes drastiques du constructeur.
La version "Limited" pour la Suisse avec ces jantes DTM de 17'' :
La E 500 de Taxi :
Le 300 E 5.6 Hammer d'AMG :
Notez la touche d'humour même sur ce compteur US avec l'économètre sur la gauche que l'on retrouvait alors sur tous les compteurs Mercedes :
La version Brabus autre préparateur :
Le V12 de la S600 sera même implanté avec une cylindrée de...7.3 litres !
photos internet