ALFA-ROMEO ARNA / 1983-1987
Voici encore une curiosité oubliée plus ou moins volontairement de la marque italienne. Après le sacrilège de 1971 avec sa première traction avant sur sa nouvelle Alfasud, Alfa Roméo remet le couvert en ce début des années 80. Cette fois ci c'est pour donner naissance à une compacte, fruit d'une étonnante collaboration signée en 1980 avec Nissan. Présentée en 1983, l'Arna ne masque pas vraiment ces origines. D'ailleurs Arna n'a rien de symbolique, mythique ou poétique puisqu'il signifie Alfa Romeo Nissan Autoveicoli. Tout un programme ...
En ce début de décénnie, Alfa doit renouveler sa gamme compacte mais n'en a pas vraiment les moyens. L'Alfasud lancée quelques années plus tôt reflète bien l'image de la marque de l'époque c'est à dire des lignes plutôt séduisantes, un style spécifique mais pour une qualité d'assemblage plus que limite, le tout sur fond de rouille qui ronge le châssis aussi vite que la concurrence attaque les produits de la marque alors en plein doute. Nous sommes là dans une nouvelle ère où Fiat sort sa prometteuse Ritmo et surtout Volkswagen sa Golf que personne n'imaginait aussi redoutable. Pour se donner les moyens de réagir, Alfa signe un joint venture avec Nissan qui voit par là la possibilité de contourner les fameux quotas d'importations vers l'Europe pour les marques japonnaises. Pour ceux qui ont oublié, souvenez vous, les japonnais c'était le péril jaune, l'invasion assurée à travers Toyota, Mazda, Suzuki Nissan et les autres. De ce fait la France appliquait au milieu des années 80 une autorisation limitant l'importation annuelle des véhicules japonnais sur notre territoire équivalent à 3% des immatriculations neuves. C'était l'époque où le protectionnisme était le seul rempart contre le mal annoncé pour défendre sa production automobile. En signant un tel accord plus que mal vu, vous pensez bien, Alfa Roméo et Nissan avaient des objectifs communs des moyens communs tout en contournant habilement le problème. L'accord est pourtant assez simple : l'un fournit châssis et carrosseries (Nissan) et l'autre la partie mécanique (Alfa) et le tout assemblé en Italie. Voilà donc la Nissan Cherry (ou Pulsar selon les pays) motorisée par le 4 cylindres boxer Italien. Si aujourd'hui cela ne choque personne, à l'époque c'était une véritable trahison. Impensable ! Avoir des châssis, des moteurs, des commodos voir des habitacles communs était tout simplemen inconcevable. Pour exemple, si le rachat et donc le rebadgeage d'une marque comme Simca remplacée par Talbot était d'actualité, Peugeot et Citroen n'avaient alors pas de pièces communes. Aujourd'hui le brassage est permanent et surtout indispensable économiquement. Qui est scandalisé de voir derrière la dernière Nissan Pulsar (dont le nom semble nouveau pour beaucoup d'entre vous mais qui est en fait historique !) une Megane 3 recarrossée ? Autant dire qu'à l'époque le rapprochement italo-japonnais fait désordre au point d'entacher encore plus l'image d'Alfa alors sur le déclin. Pourtant, DeTomaso, nous l'avons vu s'était rapproché de Dahaitsu pour motoriser sa petite DeTomaso Turbo (déjà présentée dans mon blog).
Persuadé d'être sur la bonne piste l'Arna est présentée en plusieurs version 3 ou 5 portes (L ou LS) et avec plusieurs motorisations toutes Alfa. Des adaptations sont nécessaires néanmoins afin d'implanter les moteurs d'Alfasud sur la caisse de Cherry puisque le 4 cylindres a la particularité d'être à plat. La base est le petit 1.2 litres de 63cv à simple carburateur. Il passera à 68cv dès 1984. Même si la voiture est sous la tonne à vide, les performances sont logiquement très quelconques avec 150 km/h en pointe. La deuxième mouture qui est plus sportive et qui est baptisée Ti accueille le 1351 cm3 fort de 78cv mais aussi le 1490cm3 qui culmine lui à 95cv. Les deux carburateurs double corps apporte un couple plus important permettant à la voiture d'avoir des reprises un peu plus convaincantes pour une vitesse maxi donnée pour 170 km/h et 207 km/h. Faute de pouvoir proposer mieux, la version sportive restera cette dernière. Nissan lui est déjà dans l'ère du turbo hors Europe et une version 1500 Turbo qui développe 114cv est disponible en Asie.
L'habitacle, simple, possédait un graphisme de compteurs plutôt japonnais avec des commodos ou frein à main Alfa. Seuls les teintes des sièges et les volants "maison" tous deux à 3 branches les différenciaient.
Commercialement le produit ne séduit pas avec sa ligne jugée trop banale par les alfatistes. La voiture, produite à Pratola Serra est assemblée sur la chaîne produisant également la Nissan Cherry pour l'Europe. Contrainte de cet accord l'Arna ne peut être distribuée dans les pays où Nissan est présent. Il y a donc accord mais pas question d'être concurrents ! C'est pour cette raison que nous ne l'avons pas vue en France officiellement et seules la Nissan Cherry à moteur Alfa a été distribuée au compte goutte quota japnnais oblige.
En 1987, Alfa ou plus exactement Fiat, son nouveau propriétaire, stoppe la production après 53 047 exemplaires produits.Le lancement de l'Alfa 33 est à l'ordre du jour. Il s'agit alors d'un produit encore Alfa certes mais le premier de l'ère Fiat.
Valeur de transaction : 1500€
La version Nissan Cherry Turbo :
Le Boxer Alfa :
L'intérieur Alfa/Nissan :
photos internet