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  • Passionné d'auto, mon blog souhaite refaire la lumière avec intérêt sur des modèles oubliés ou méconnus de la production automobile. Un clin d'œil sur des véhicules boudés voir presque inconnus sur le web. Le copié collé n'a ici pas sa place !
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5 décembre 2015

TALBOT TAGORA 1980-1983

Vaisseau amiral de la marque, ce fut aussi la dernière voiture badgée Talbot et pour Peugeot...la pattate chaude !

Nous sommes en 1976. Les marques allemandes sont alors à la tête de la catégorie des grandes routières. En France c'est Peugeot avec sa 604, Citroën avec sa CX mais aussi Renault avec sa R30 qui tentent de relever le défi avec des modèles alors fraichement sortis ou juste présentés. Simca qui appartient  au groupe américain Chrysler (comme nous l'avons vu sur mes billets sur la saga Bagherra / Murena) souhaite renouveller sa gamme et investir ce segment pour présenter un produit à la hauteur. A travers ce projet, la maison mère américaine souhaite aussi répondre à la conccurence US puisque General Motors afine de son côté son projet qui deviendra la "Senator" sous sa marque Opel (en Europe continentale) et Ford planche sur son paquebot "Granada". C'est donc dans la pure tradition du segment que le projet de berline tricorps à propulsion est lancé sous le code C9 ( le C + un numéro étant les noms de codes Chrysler avant leur lancement commercial).

Deux bureaux d'études sont alors lancés sur le chantier. Poissy pour la partie mécanique, et Whitley près de Coventry pour ce qui est du style. L'objectif du groupe américain est de proposer un produit haut de gamme motorisé par des moteurs de plus de 2.0 litres. Le 4 cylindres Chrysler de 2.0 litres (vu sur la Bagherra) étant jugé un peu court, une extrapolation 2.2 litres est mise au point. Ce moteur étant envisagé pour " l'entrée de gamme", Chrysler par à la recherche d'un 6 cylindres suceptible de rentrer dans le compartiment moteur dédié. Compte tenu qu'en interne ces moteurs américains sont trop gros, la marque se tourne vers un éventuel allié extérieur. C'est Mitsubishi qui est alors envisagé avec son 6 cylindres en ligne. Après quelques tests, le moteur est vite disqualifié car jugé pas assez puissant, peu coupleux et manquant singulièrement de caractère et surtout de noblesse. C'est alors qu'une approche est faîte vers un tout nouveau V6 moderne né d'une alliance entre Peugeot Renault et Volvo : le fameux PRV. L'adaptation est possible du fait de la compacité relative du moteur. Par contre Peugeot ne voit pas d'un bon oeil le projet jugeant le projet C9 trop proche de sa future 604. Elle impose d'ailleurs d'autres modifications techniques importantes pour accorder "l'emprunt" du V6, modifications qui ont pour but inavoué de retarder le lancement de la voiture afin qu'elle ne se télescope pas avec le lancement de sa 604. 

En parralèle le style est étudié et afiné en Grande Bretagne (photo). C'est justement ce dernier, assez fade pour bon nombre d'entre nous qui a fait que la Tagora est rapidement tombée dans l'anonymat puis à présent dans l'oubli. La ligne extérieure est massive et semble presque taillée à la règle comme pourrait le faire un enfant sur son cahier d'école. Les grosses optiques rectangulaires avant et arrières n'arrangent rien même si les balais essuies phares sont envisagés pour les finitions hautes. La première ébauche laissait apparaître des plaques avant et arrières sous verre avec leur éclairage (façon SM). Cette idée sera rapidement abondonnée. La voiture possède une surface vitrée assez importante avec 3 vitres latérales. A l'intérieur le tableau de bord et les fauteuils sont à l'étude pour obtenir un résultat tirant vers le salon plus que la voiture traditionnelle visant à présenter un modèle spacieux et confortable.

C'est à l'été 1978 que tout bascule puisque Chrysler, en très mauvaise posture financière, décide de céder et revendre toutes ces filliales européennes au plus vite. Grande Bretagne, France ou Espagne tout le monde est concerné. Chez nous tout se situe à Poissy sous l'entité Simca. C'est Peugeot qui se porte acquéreur de l'ensemble des actifs et outils de production de la marque en rachetant et en rebaptisant l'ensemble sous le nom de Talbot ressorti des cartons pour l'occasion. En effet Talbot était propriété de Simca depuis 1958 et inexploitée depuis. Peugeot retient cette marque car elle reste connue en France et en Grande Bretagne pour remplacer la marque Simca. Le modèle à succès Horizon en cours de commercialisation est alors rebadgé et le projet C9 découvert dans les cartons et désigné Tagora est néanmoins maintenu mais retravaillé de fond en comble après quelques hésitations.

La voiture est revue entièrement puisque c'est la plate forme de la 505 alors à l'étude qui est retenue. Cette étape économiquement nécessaire permet de piocher dans la banque d'organes Peugeot permettant l'implantation ces moteurs et ces boîtes. Dans la bataille le 2.2 litres Chrysler abouti est conservé. Il développe 115cv et est même récupéré par Peugeot pour sa 505. Mais c'est bien le V6 PRV et la version diesel qui attirent l'attention. Le V6 de 2664cm3 est étonnemant proposé dans une version 165cv alors que la 604 que Peugeot souhaite protéger ne fait que 144cv. En fait la marque au lion semble avoir surestimé ces capacités à imposer sa 604 sur ce segment des grandes routières. En effet dans les faits la 604 aura beaucoup de mal à se faire une place à l'instar de la nouvelle 505 qui prendra le relai de la vielle 504. Ainsi motorisée la Tagora SX (nom de la version V6) est donnée pour 195 km/h (contre seulement 185 pour la 604). Des boîtes 4 ou 5 vitesses mécaniques seront associées sur le 4 cylindres 2.2 litres selon le niveau de finition mais une unique boîte mécanique à 5 vitesses pour la V6 même si une boîte automatique ZF 3 rapports était également proposée sur les deux moteurs essence.  Pour ce qui est du diesel non étudié à l'origine sur la Tagora, c'est la dernière évolution du 2.3 litre Indenor connu notamment sous le capot de la 504 qui est retenu. Un diesel qui se veut haut de gamme puisqu'il est pour la première fois turbocompressé. Ce moteur déjà en place sous le capot de la 604 fournit la puissance de 80cv (contre 70cv en version atmo sur 504) pour un couple de 19.3 mkg à 2000tr/min soit légèrement supérieur à celui de la 604. Avec ce moteur de "course" la Tagora file à 154 km/h pour une bonne 1.3 tonnes "seulement" sur la balance. Cette version séduira quelques artisans taxis qui voyaient là un modèle spacieux à tendance haut de gamme mais financièrement accessible.

Présentée en 1980 soit 5 ans après la 604, les essais presses sont organisés au Maroc au début de l'été suivant. La production s'étendra sur 4 années seulement avec 145 exemplaires en 1980, 15368 en 1981, un feu de paille puisque dès 1982 la production s'effondre à 2566 unités pour finir à 1310 en 1983. C'est donc seulement un peu plus de 19 000 Tagora qui seront donc produites (même si certains chiffres parlent d'un peu plus de 20 000). La voiture paye là cher son style fade, son manque d'image ainsi que celui de Talbot en ce début d'années 80 mais aussi le réseau Peugeot peu motivé pour vendre cette marque (comme la Murena déjà traitée) et enfin les conflits sociaux assez violents qui impactèrent la production de Poissy que ce soit en terme de volume qu'en terme de qualité. La carrière de la Tagora s'achèvera officiellement en juillet 1983 et les derniers exemplaires d'invendus (on parle de quelques centaines) seront expédiés et bradés en Espagne. Deux concept ou évolution seront néanmoins présentés en vain. Le concept "Présidence" d'une part (photo) présenté à Frankfort en 1981 version high-tech avec feux arrières fumés, jantes alu spécifiques mais surtout télévision, magnétoscope, dictaphone, chaîne hi-fi 100 watts, téléphone, avec sellerie mixte cuir Connolly/tissus laine, laiton sur la console central et levier de vitesse avec malette assortie. Elle était destinée à séduire les gouvernements et ministères franco-anglais pour leurs flottes de véhicules. Un seul exemplaire a été construit et serait encore en France photo). L'evolution du 2.2 litres d'autre part, revisité par Porsche et qui fournit en 1983 la puissance de 160cv. Lui non plus ne sera pas retenu, Peugeot ayant pris la décision de stopper la production et la marque Talbot.

 

Prix de vente en juillet 1982 : de 64 900 F à 91 600 F pour la V6 dont 87 000 F pour la DT contre 86 500 F et 98 300  F pour la 604 V6 et 90 400 et 102 700 F pour la 604 disposée plus haut de gamme et sans moteur essence 4 cylindres.

Valeur de transaction : 2500 à 5000€ selon état et motorisation.

talbot_tagora

 

Le version 2.2 essence : 

77916495_o

 

La version turbo diesel  :

41577_1845JLK2k0ACM7Cq

 

Tagora_sx_intérieur

bellon_1091815975_plan_expo_tag_001

 

L'ordinateur de bord :

blende_theo_600

 

La  version V6 :

Tagora_sx_moteur

 

 

La concept "Présidence" 4 places et pour cause la place centrale arrière est occupée par la haute technologie de l'époque :

TagoraPresidenceArr

PresidenceArr

TagoraPresARR

TagoraPresAV

Le projet C9 :

devtagora_09

c9

 

photos internet

     

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Commentaires
P
Merci pour ce blog très sympa. Je connais bien cette marque et l'histoire de Simca, mais j'y ai appris des choses!
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P
L'esthétique était très moderne, trop même, coupé à la serpe, un petit côté Masérati biturbo à l'arrière! Bien dommage que Peugeot ait imposé le MacPherson basique à l'avant en lieu et place des excellents triangles superposés/barres de torsion longitudinales des Simca!!!et à l'arrière un train trop étroit - pas pour rien dans ce ratage esthétique - un peu gommé par les superbes et modernes JA des SX - au lieu du train arrière prévu par Simca. Des fauteuils salons mais hélas une finition déplorable car vraiment très plastique (bien plus qu'une CX ou une 604, voire même une R30)
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R
Salut. Merci pour cet article très détaillé ! Pour ma part, je viens d’apprendre beaucoup de choses sur cette voiture. Continuez ce beau travail !
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Z
Merci de me demander l'autorisation avant d'utiliser mes photos. Internet n'est pas un self-service.
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