ROVER SD1 / 1976-1986
Oubliée ou boudée, la Rover SD est l'une des rares autos à ne pas être appelée au quotidien comme cela a tel point que sans la voir ou sans photo il est parfois difficile de faire visualiser l'idée du produit à son interlocuteur. En fait on parlait d'avantage de numéro lié à sa motorisation plus ou moins sophistiquée en essence voir même en diesel. Pourtant cette SD, vous la connaissez et il arrive encore aujourd'hui d'en croiser dans le rue.
La SD pour "Special Division" était la concrétisation de la première voiture réalisée en interne par la nouvelle branche de British Leyland avec un rapprochement entre les entités du groupe que sont alors Rover et Triumph. Elle sera également la dernière puisqu'au milieu des années 80, suite à un rapprochement de groupe c'est une base Honda qui sera retenue pour lui succéder. Mais en ce début des années 70, le but est de remplacer la P6 née au début des années 60 et proposée en berline mais aussi en break (Estate). La SD est donc présentée comme étant le nouveau vaisseau amiral de la marque en tant que grande berline routière sûre et confortable. Massive, elle colle bien avec la production européenne du moment avec 4.70 m de long et 1.77 m de large. Une série 5 atteignait alors 4.62 m et une série 200/300 Mercedes 4.70 m).Pourtant cette nouvelle Rover en impose visuellement avec un style officiellement inspiré de la ligne de la Ferrari Daytona (oui vous avez bien lu..) et a une particularité technique et pratique : elle possède un hayon contrairement à ce que propose toute la concurrence. Elle se veut également, difficultés financières obliges, plus simple techniquement que la P6.
Mécaniquement, Rover puise dans sa banque d'organes internes avec dans un premier temps la commercialisation de la version 2200 TC ainsi que version 3500 qui deviendra d'ailleurs voiture de l'année 1977 ! La 2200 utilise le 4 cylindres 2.2 litres pour 13cv fiscaux et est une alternative au V8 3.5 et ces 20 cv fiscaux d'origine Buick remanié par Rover pour son tout nouveau Range sorti en 1975. Si les deux moteurs étaient disponibles en boîte de vitesses 4 rapports mécaniques, seul la V8 pouvait avoir une boîte automatique 3 vitesses contre 2000 F de plus de l'époque (1976). Avec un haut de gamme disponible pour 47200 F, elle est financièrement et volontairement bien en dessous de la concurrence.
Dès octobre 1977, Rover présente deux nouvelles versions 2300 et 2600 en remplacement de la 2200. L'objectif est simple : sortir le moteur 4 cylindres de la gamme pour proposer du 6 cylindres d'origine Triumph (extrapolés du 2.5 litres). Avec 118cv et 130cv contre 155cv pour la V8, la gamme est ainsi orientée volontairement premium. Ces versions n'arriveront en France que pour le millésime 1979 pour la 2600 et pour celui de1982 pour la 2300 puisque pour l'année automobile 1978, seul le V8 était disponible chez nous. Cette version V8 parvenait d'ailleurs à atteindre son objectif puisqu'elle était alors comparée en performances à la Mercedes 280SE ou la Jaguar XJ6 4.2 le tout à moitié prix !
L'habitacle se veut cosy et confortable dans un style très british. Le design moderne de la planche de bord, le graphisme des compteurs, les larges fauteuils avants et leur appuie tête original, les inserts bois, tout est fait avec une approche nouvelle y compris avec des équipements modernes comme la hifi. Le résultat visuel est séduisant. Hélas à l'intérieur comme à l'extérieur la finition d'assemblage et la qualité des matériaux utilisés déçoit. La marque combattra d'ailleurs cette difficulté tout au long de la carrière de la voiture et ce à commencer par les essais à la presse qui n'avait, d'entrée de jeux, pas laisser planer le moindre doute sur la qualité de l'auto.Un finition "Vanden Plas" sera même commercialisée. Comparable aux versions "Initiale" chez Renault ou "Exclusive" chez Citroen elle propose le cuir, la climatisation, et possibilité d'avoir un toit ouvrant électrique le tout avec encore plus de bois. Hélas cette version, comme les autres, possède plus de composants électriques de confort et donc plus de pannes chroniques.
C'est en 1982 qu'apparait la SD phase 2 nommée Série 2. La marque qui peine commercialement décide de démocratiser sa voiture en proposant deux nouvelles motorisations. Il faut dire qu'elle fait face à deux difficultés importantes : le second choc pétrolier en proposant des moteurs à grosse cylindrée et la fiabilité et la corrosion de l'auto qui ternissent grandement son image qui devient alors déplorable sur ce modèle de la marque. Dans les deux cas il s'agit de versions économiques. Ainsi une 4 cylindres essence de 100cv permet de proposer l'auto à 94 000 F contre 110 700 F pour le premier modèle de la gamme d'alors la 2600 S. Bien évidemment l'onctuosité n'a rien à voir et la voiture perd le peu de magie qu'elle possédait. La deuxième est destinée à réagir face à la nouvelle tendance du moment : le moteur diesel. Mercedes s'y essaye avec un 5 cylindres, mais c'est surtout Peugeot et sa 604 2.3 Turbo D qui est visée. Rover ne possédant pas de diesel en interne, la marque signe un partenariat avec VM pour obtenir son 2.4 litres Turbo diesel. Avec seulement 91cv pour un couple de 19.7m/kg, il transforme bien évidemment le plaisir restant de la voiture en ambiance agricole du fait d'une insonorisation à peine modifiée et très insuffisante pour ce bloc bruyant. La Rover plafonne dorénavant à 159 km/h et peine à suivre le rythme de la 604 GTD et ces 95cv, 21 m/kg pour 165 km/h !
Mais le summum de la gamme qui sera la version à retenir apparaîtra en octobre 1982 avec une présentation lors du salon de Birmingham. Il s'agit de la "Vitesse". L'aérodynamisme est retravaillé avec un becquet assez imposant disposé sur le hayon, un spoiler avant re-dessiné ainsi que des jantes alu nid d'abeille permettant de faire passer le Cx de 0.40 à 0.36. Mais c'est bien sous le capot qu'a lieu la grande évolution. En effet le V8 d'origine Buick gagne 35cv par rapport à la version 3500 au sommet de la gamme jusque là. De 155cv, le V8 atteint donc 190cv transformant quelque peu le comportement et les performances de la Rover. Le couple passe de 27.3m/kg à 30.4 m/kg permettant à l'auto de passer de 200 km/h en pointe à 216 km/h un record pour la marque le tout avec des suspensions revues.
Hélas cette version "vitrine" restera un gouffre budgétaire au quotidien à une période financière délicate et la gamme Rover SD sera à l'agonie jusqu'en 1986 lorsqu'elle sera remplacée par la série 800 issue de la collaboration avec Honda comme l'est la 200 présentée en 1984.
Pour compléter la gamme, deux concepts de breaks Estate ont été réalisés en 1976 et 1977 avec deux approches différentes. Le but était de proposer cette variante comme sur la feu P6. Aucun ne fut retenu. Les 2 prototypes sont exposés an Grande Bretagne et aux Etats-Unis.
Valeur de transaction : de 500 à 7000€ selon l'état (roulant ou non) et de la motorisation. Une 2600 coeur de gamme en bon état est souvent proposé de 5000 à 6000€.
Un petit air de "Daytona" ? je vous laisse juge...
La version dite "Vanden Plas" était badgée clairement :
La planche de bord de la Série 1 :
Celle de la Série 2 encore plus décallée :
La fameuse Vitesse :
La 2.4 TD badgée SD Turbo :
La version police souvent vue dans les films ou série de l'époque :
La version US avec ces feux avants spécifiques et le pare choc arrière véritable bans de pique-nique !
L'état courrant d'une SD non restaurée : la rouille désignée comme "corrosion perforante" au contrôle technique.
Les 2 versions breaks au traitement esthétique différent :
photos internet