VOLKSWAGEN ILTIS / 1979-1988

Le Volkswagen Iltis nous replonge en fait dans la période qui a suivi la reconstruction suite à la seconde guerre mondiale. L'Europe ravagée se remet en route pacifique et adopte parfois faute d'autre solution des biens américains. C'est le cas de la Jeep Willis assemblée par Hotchkiss qui équipe rapidement les armées européenne. Pour les allemands, c'est plus compliqué du fait des traités signés avec les alliés. Un véhicule tout terrain issu du constructeur  DKW est mis en fonction. Propulsion à moteur 3 cylindres 2 temps, il sera usé jusqu'à la corde. Il faudra attendre en fait 1962 pour que les différents experts militaires européens se mettent autour d'une table pour tenter de concevoir un véhicule dit de commandement et de liaison. En résumé il s'agit de remplacer la vieillissante Jeep américaine certes très efficace mais qui avoue sur le terrain opérationnel le lourds poids des années. puisque sortie en...1940 ! Le plan "Europa-Jeep" est lancé à travers 3 gros groupes de travail concurrentiels. Parmis eux l'allemand Glas-MAN mais l'on retrouve également Büssing-Lancia-Hotchkiss, NSU, Moto Guzzi,Panhard-Citroen ainsi que Fiat-Renault-Saviem.

En vain au bout de 13 ans d'études et d'essais l'éponge est jetée en 1975 où toutes les armées se retrouvent à la case départ ! Concernant l'armée fédérale Allemande, elle exploitait depuis de nombreuses années le 4x4 DKW Munga extrapolé d'Auto Union racheté en 1964 par Volkswagen dont le dernier de ce véhicule avait été livré à l'armée en 1968. Quid du remplacement ? Seul le VW type 181 nommé Kurierwagen à propulsion daté de 1969 était alors disponible. C'est en 1975 que Volkswagen se voit confier le nouveau projet. Obligatoirement 4x4 , il sera développé par Audi sauf que, la plate forme devant être une base utilitaire et qu'Audi n'a pas de branche utilitaire, le projet se voit donc doté du logo VW ! L'Iltis se profile donc extrapolé du feu DKW Munga pour le style et des prototypes Audi 80 en cours de test pour la partie technique.

Ainsi est présenté en janvier 1979 l'Iltis qui reprend donc la technique de base du Munga avec un 4 cylindres Audi ainsi que la fameuse transmission intégrale. Toutefois le système Quattro n'est pas totalement adopté puisque l'essieu avant est débrayable, le véhicule étant sur route comme son prédécesseur un propulsion. En 1978 les essais avaient été menés sur 10 prototypes afin de valider le modèle définitif.La ressemblance avec le DKW est également liée au délai de développement ultra courts qui a été imposé. Audi applique donc là des solutions techniques éprouvées mais surtout beaucoup plus simples en développement. Côté motorisation, Volkswagen reprend le 1.6 litre retravaillé à 1.7 litres pour l'export avec une puissance de 75cv. Si la vitesse de pointe n'est que de 130 km/h, le véhicule est équipé d'une boîte mécanique à 5 rapports dont 1 vitesse dite rampante ultra courte pour le tout terrain.

Efficace, le modèle est adopté par l'armée allemande puisqu'environ 8800 Iltis lui seront livrés.pour une production globale de 9742 exemplaires dont 747 versions civiles. C'est un an après la livraison de la version militaire que la version civile est d'ailleurs présentée. Outre les teintes extérieures, l'intérieur est toujours aussi dépouillé pour un prix de vente sans réelle concurrence et qui frôle les 40 000 marks soit plus cher qu'un ...Range Rover de l'époque !! Ce véhicule ne sera jamais importé en France même si il se verra équipé en 1984 du moteur Audi de 136cv.

En fait c'est suite à l'appel d'offre de l'armée française que Volkswagen engage 4 Iltis au Paris Dakar 1980 afin de démontrer les réelles capacités de son véhicule tout terrain. Avec une puissance portée à 110cv pour les besoins de la course, 2 véhicules sont aux mains de pilotes bien connus puisqu'il s'agit de Patrick Zaniroli et de Jean Ragnotti. Le 4ème exemplaire engagé sert en quelque sorte de véhicule d'assistance (lesté par 300 kilos de pièces détachées) et est confié aux mains du sorcier  du système Quattro Audi de l'époque puisqu'il s'agit de Roland Gumpert (qui va créer plus tard les supercars à son nom que vous connaissez peut être). Son Iltis est pour sa part motorisé par le 5 cylindres turbo Audi 2.1 litres d'une puissance de 160cv. Roland Gumpert, ingénieur mécanicien de génie avait alors été promu chef de projet pour conduire l'Iltis à la victoire ce qui se réalisera puisque les 4 Iltis sont à l'arrivée en réalisant les places 1,2,4 et 9. Malgré ce succès, l'armée française choisira le concurrent Allemand le Mercedes G qui sera assemblé chez Peugeot  sous licence pour devenir ainsi le Peugeot P4. Malgré cet échec, l'armée canadienne très présente encore sur le territoire Ouest Allemand est séduite et adopte l'Iltis. Il sera assemblé au Canada sous licence via le constructeur Bombardier qui rachètera les droits et l'outillage et en sortira ainsi 2500 exemplaires pour son armée. Il s'en suivra 2673 exemplaires pour l'armée Belge elle aussi à la recherche d'un véhicule tout terrain pour son armée. D'autres pays seront également fournis par le groupe canadien : l'armée Camerounaise, le territoire d'Oman et un exemplaire à conduite à droite destiné à l'armée de Singapour sera même présenté mais sans suite. Les canadiens stopperont définitivement leur production en 1988 alors que Volswagen avait repris de son côté en 1987 la production à la demande de l'armée fédérale. 1254 Iltis seront ainsi produits à nouveau en Allemagne entre 1987 et 1988. La seule évolution aura été la motorisation puisque le 1.6 Turbo Diesel 70cv de la Golf GTD sera adapté dessus.

Au total général la production de l'Iltis Volkswagen ou Bombardier se sera portée à 16801 exemplaires, un volume non négligeable même si, aujourd'hui, le véhicule semble être bel et bien passé aux oubliettes.

Enfin on ne peut parler de l'Iltis sans parler de Citroën. En effet suite à l'appel d'offre de l'armée française de l'époque, si Peugeot propose une version revisitée du Mercedes G et dénommé P4, Citroën avait fait de même avec le Iltis mais sans succès. Ce Citroën était le C44 motorisé par un moteur de CX (photo). Le prototype a alors été engagé sur le Paris Dakar de 1981 mais devra abandonner. L'histoire retiendra que c'est Peugeot avec son P4 qui remporta alors l'appel d'offre de l'armée.

Valeur de transaction : de 5000 à 9000€ selon état et version

Le Volkswagen Iltis version civile et militaire :

L'Iltis vainqueur du Paris Dakar 1980 :

L'ancêtre  DKW Munga sous la marque Auto-Union :

Le Volkswagen Kurierwagen à propulsion :

Le Bombardier 183 Iltis :

Le Citroen C44 version française du Iltis :

Celui de Paris Dakar 1982 :

photos internet