PEUGEOT 505 / 1979-1992
Succéder à un pilier d'une gamme n'est jamais chose facile. C'est pourtant ce que Peugeot se décide à faire en présentant en mai 1979 sa 505 venue remplacer le modèle coeur de gamme de l'époque et assez emblématique la 504 arrivée lors du Salon de l'Auto de 1968. La 505 s'attaque donc à du lourd composé alors d'une berline, d'un break voir d'un pick up mais aussi de surprenants et aujourd'hui assez coûteux coupé et cabriolet.
Dessinée par un certain Gerard Welter arrivé au bureau du style Peugeot à l'âge de 18 ans en 1960, la collaboration se fait cependant très étroitement avec Pininfarina afin de proposer une ligne à la fois statutaire mais également moderne. L'habitacle est pour sa part dessiné par un autre grand nom qui a collaboré longtemps avec la marque : Paul Bracq. Là aussi le style historiquement austère est volontairement abandonné, ce qui marquera certainement un virage important pour la marque puisque les différents modèles qui suivront s'inspireront de cette approche. Si l'architecture demeure dans le classissisme, la 505 s'averera être la dernière propulsion de la marque.
La gamme proposée dans un premier temps ne marque pas vraiment les esprits puisque l'on reste sur du pur "alimentaire" essence et diesel avec en haut de l'affiche la version STI qui reprend ainsi la désignation de la récente 604 (1975) sans en reprendre la moteur V6 puisque la 505 n'a droit qu'au moteur 4 cylindres 2.0 litres de 117cv lui autorisant une vitesse de pointe de 170km/h. Pourtant à l'époque ce moteur dit "Douvrin" est moderne puisqu'il est en alliage léger et produit par la toujours existante Française de Mécanique. Avec 11cv fiscaux, les versions à injection TI et STI ( plus cosy pour 6000F de plus) caractérisent alors la routière confortable au soupçon de punch mais ne fait pas le buzz d'alors. En effet, les yeux sont beaucoup plus rivés sur une version plus tendance qui ouvrira d'ailleurs une nouvelle ère à ce type de motorisation : la SRD Turbo ! Forte de 80cv, la 505 profite dès juillet 1980 de la motorisation installée jusque là sur la prestigieuse 604. D'ailleurs cette version turbo diesel constitue le modèle le plus cher de la gamme d'alors avec 69 900F contre 60 000F à la STI et 54 000F seulement à la TI. C'est d'ailleurs cette motorisation qui incitera Peugeot à proposer d'équiper les taxis de New York et de Los Angeles vendant au passage pas moins de 1200 taxis (600 par ville) offrant à la marque une publicité bienvenue pour dynamiser son lointain réseau. Avec le 2.0 litres essence c'est surtout le diesel et turbo diesel (71 et 80cv) qui sont mis en avant avant que les nouvelles normes antipollution stoppent nette sous cette forme en 1983 cette tentative. Accentué par des coûts éspécifiques de développement (sécurité et pollution) et surtout de transport, Peugeot restera dans l'histoire américaine comme étant le constructeur ayant démocratisé le diesel sur la voiture (avec Mercedes et son 5 cylindres), le diesel étant des V8 jusque là réservés aux seuls poids lourds. L'aventure US s'arrêtera en 1991 sur une véritable impression d'échec comme Renault en son temps.
En parallèle, la marque avait bien évidemment commercialisé celle dont elle s'est fait une spécialitée : le break. Allongé de 15cm, il sera disponible en 5 places mais également en 7 places sous l'appellation "Familial".
Il faut attendre 1983 pour voir arriver dans la gamme une version enfin sportive. En effet Peugeot collabore avec Porsche pour faire évoluer le moteur Chrysler qu'elle a pu récupérer suite au rachat de la marque. Un turbo Garrett est donc greffé sur le 2.2 litres permettant d'obtenir 150cv. Avec plus de 200km/h en pointe et le 1000m DA réalisé en moins de 30 secondes, la pataude 505 devient la sportive du lion ! Bicolore, badgée turbo sur un becquet spécifique et après les custodes arrières, teinte grise bi-colore, jantes aluminium, cette 505 possède un look nettement plus sportif. Il ne faut pas oublier le synthétiseur de parole délivrant des messages d'urgence. Dès janvier 1984, la copie est revue puisqu'un échangeur air/air qui avait été exclu dans un premier temps est rajouté permettant de refroidir le mélange injecté et donc d'augmenter la pression pour une puissance augmentée à 160cv alors que la version atmosphérique passée de STI à GTI verra sa puissance augmentée de 13cv (130 sur la GTI contre 117 sur la STI). Toutefois cette version ne satisfait pas les puristes qui en demandent plus à un bloc qui a prouvé sa résistance (jusqu'à 300cv). C'est le préparateur bien connu de moteurs de compétitions Danielson qui propose alors une version de 200cv en 1985. Ce kit PTS (Peugeot Talbot Sport) est alors mis à disposition pour les clients via un montage et une homologation dans les ateliers du réseau. Fallait-il encore trouver les bon mécaniciens pouvant régler cette mécanique devenue pointue et un garage habitué à l'homologation à titre isolée rendue pour le coup obligatoire. En juin 1985, 250 kits avaient déjà été commercialisés.Mais Peugeot qui travaille sur l'évolution de son modèle proposera en 1986 une version turbo de 180cv qui sera naturellement plus diffusée car plus souple et surtout moins gourmande que toutes les autres versions au caractère turbo bien marqué. Contrairement aux autres motorisations les version Turbo injection ne seront produisent qu'en berline.
En 1987, après 8 ans de vie commerciale,les motorisations essences de la 505 sont retravaillées et deviennent moins gourmandes mais aussi moins puissantes. Ainsi la GTI passe de 130 à 123cv et la Turbo passe de 180 à 167cv. Alors que l'esprit sportif s'est accaparé des modèles plus petits (205 GTi, Rallye, 405 Mi16..) et pour relever son image et sa notoriété, Peugeot a adapté le V6 PRV dans sa configuration 2.8 litres. Souple et onctueux, il dispose de 170cv et permet à la marque d'avoir un produit haut de gamme alors que la 604 a disparue du catalogue. Poussée vers la sortie, Peugeot proposera une ultime version spéciale de sa 505 dite V6 S sous forme de série spéciale (180 exemplaires seulement) à l'équipement clairement de fin de carrière avant que la 605 ne la mette définitivement dehors. Cette série se repère "facilement" avec son aileron atypique positionné sur son coffre disponible uniquement en boîte de vitesse mécanique et accusait une puissance fiscale de 16cv qui étaient pour le moins disuasifs. Danielson proposera de son côté sa version V6 pour une puissance de 193cv.
Enfin si la 505 s'arrête chez nous en 1992, sa carrière continuera à l'étranger notamment en Chine jusqu'en 1997. Il est également bon de rappeler que 2 études spécifiques pour les USA ont été menées et restées sans lendemain : le coupé et le cabriolet (photos).
Dans la lignée de ces développements 4x4 de la 504, Henri Dangel appliquera la même recette à la 505 break pour le bonheur des administrations et particuliers obligés de circuler sur des terrains hostiles. La version GTi est d'ailleurs en bonne place dans mon blog.
La 505 aura été produite au total à plus de 1.3 millions exemplaires.
Valeur de transaction : Si une Turbo injection peut se dénicher à partir de 3000€, il est possible d'en voir sur une fourchette de 8000 à 9000€ pour un état irréprochable. Une V6 état concours peut atteindre 6000 à 7000€.
La 505 série 1 : y'a quand même plus glamour...
La 505 et son aileron façon V6 S :
Une version V6 2.8 litres US :
La fameuse Turbo injection :
La V6 S :
La première planche de bord à l'esprit renouvellé :
Toutes les versions "turbo" essence et diesel disposaient d'un mano de pression à la précision limitée (en haut à gauche) :
La planche de bord remaniée et plus moderne. A noter " l'ordinateur de bord / synthétiseur de parole " (touches de couleurs) à gauches des commandes de chauffage ainsi que la fameuse boîte à monnaie à fentes très appréciée à l'époque. Notez également les premières commandes de vitres à ouverture séquentielles( sous le levier de vitesse), les commandes des sièges chauffants avec cette option cuir (à droite du volant) et le régulateur de vitesse (en bas à gauche du volant) :
Le moteur Turbo injection 160cv avec échangeur air/air :
Le V6 :
Le taxi US de New York :
Le break version "familiale" avec le rajout de banquette :
Le cabriolet :
Le coupé avec son profil arrière façon Série 6 BMW :
photos internet