FORD SIERRA / 1982-1993
Remplaçante de la feu Taunus, la Sierra est le modèle qui a véritablement marqué la nouvelle orientation du design européen de Ford au début des années 80. Avec sa ligne originale et très aérodynamique, elle conserve néanmoins l'implantation traditionnelle de la marque à savoir le moteur à l'avant et les roues motrices à l'arrière. A la tête du design du constructeur une personnalité qui deviendra plus connue plus tard chez Renault : Patrick Le Quément. Son esprit novateur donnera naissance au concept Probe III présenté à ce qui s'appelle encore le Salon de Paris en 1981, et dont la Sierra sera extrapolée.
Commercialisée avec d'antiques et robustes moteurs 4 ou 6 cylindres, Ford propose dès mars 1984 un nouveau moteur 1.6 litres plus économique à l'usage. Il sera suivi en 1985 par de nouveaux blocs 1.8 litres et 2.0 litres de respectivement 90 et 115cv. Bien évidemment les moteurs en fonte sont légion à l'époque avec une gamme essence débutant par un petit 1.3 litres de 60cv seulement. Le summum de la gamme était alors coiffé par des V6 2.0 litres et 2.3 litres plus onctueux que réellement puissants de 90 et 114cv. Néanmoins ils permettent d'assoir un certain standing dans la gamme. En diesel qui n'a pas entendu parlé de l'increuvable 2.3 litres de 67cv au bruit et à la fumée caractéristique ? Il s'agissait bien du moteur Peugeot dit Indenor bien connu en fait ! Proposée en 3,4, 5 portes et en break, l'achat d'une Sierra ne faisait finalement pas vraiment par coup de coeur ni passion mais par réputatuion de la marque avec une finition haute à travers le sigle du carrossier racheté "Ghia".
D'ailleurs la première version sportive de la gamme a manifestement été oubliée avec les décennies. En effet il s'agissait de la XR4 i, coupé 3 portes motorisée par un V6. Vendue 100 400F, la XR4 i est alors 2 fois plus chère que le premier modèle de la gamme affiché à 55 900F, une véritable révolution alors. Avec 150cv, le moteur V6 2.8 litres dit Cologne a déjà été mis à toutes les sauces dans le haut de gamme de la marque américaine. Sur la Sierra, son look à tendance sportive, faisait la part belle aux liserets rouges sur les boucliers avant/arrière ainsi que sur les protections latérales en plastic. Les jantes étaient en alu et un double becquet était disposé sur le hayon ce qui lui donnait son look spécifique.Intérieurement mis à part de très légers liserets rouges comme à l'extérieur (dont ceux entourant les touches du klaxon sur le volant ! cf photo), le reste est très basique, très plastique également mais avec des formes et graphismes modernes (pour l'époque). La XR4 i qui était donc construite en Allemagne a été également exportée vers les USA et commercialisée via le réseau Lincoln-Mercury. Diffusée sous la marque Merkur, elle portait là bas la dénomination de XR4 Ti. En effet le bon vieux V6 européen ne passant pas les normes américaine en matière de pollution était remplacé par un 4 cylindres essence turbocompressé de 2.3 litres. Développant 117cv, il était possible de l'avoir en boîte mécanique ou automatique à 5 rapports. Avec des vitesses de pointe officielles de 190 et 205 km/h, elle n'était disponible qu'en version coupé 3 portes.
Si la gamme Sierra était disponible également en Grande Bretagne seuls les moteurs de base essence ou diesel étaient diffusés. Par contre pour le haut de la gamme, seule la version 4x4 5 portes était disponible (non diffusée alors chez nous) et motorisée par le même V6 2.8 litres de 150cv.Elle arrivera ensuite chez nous avec une puissance fiscale assez dissuasive de 15cv puisque c'est bien cette Sierra 4x4 qui remplace chez nous la XR4 i. Le virage est d'autant plus remarqué que la version 3 portes n'est plus importée nous et seule la 4 portes au look traditionnel est disponible avec cette motorisation en 1985-1986. Système mécanique et lourd avec une rapartition 1/3 à l'avant et 2/3 sur l'arrière, cette version V6 4x4 n'affollera pas les chronos mais jouera plus la carte sécurité d'autant plus que l'ABS y sera rapidement proposé de série. Cette transmission sera même proposée sur le break
Dès sa sortie, la XR4i est rapidement jugée comme trop fade par la marque qui souhaite s'impliquer plus et durablement dans le championnat européen de tourisme (sur piste donc) qui est alors très prisé par des marques comme Volvo, BMW, Mercedes et bientôt Audi. Elle fait appel alors à son service spécial dédié SVE (Special Vehicule Engineering) en s'associant à Cosworth pour proposer une version affûtée. Cette Sierra RS Cosworth présentée en mars 1985 à Genève sera produite dans l'usine Belge de Genk à 5545 exemplaires. Exit le vieux et lourd V6, c'est le 2.0 dit DOCH Ford qui a été ici turbocompressé pour cette version Renn Sport (RS). Ce bloc, présent sous le capot de plusieurs modèles de la marque (dont la Sierra) fait alors 105cv en version carbu et 115cv avec l'injection. Revu de fond en comble (seul le bloc nu est conservé par Cosworth) et associé à une boîte de vitesse à 5 rapports rapprochés de marque Borg Warner, il propose 204cv avec une pression de suralimentation de .055 bar. Il s'agit alors d'un véritable coup de tonnerre sur ce segment des propulsions très conservateur. Bouclier largement aéré, jantes alu nid d'abeille, élargisseurs d'ailes c'est surtout l'énorme aileron situé sur le hayon qui marque les esprits. A noter que le bloc compteur est repris de la version US Merkur XR4Ti, bloc disposant d'un manomètre de suralimentation. Annoncée pour 220km/h en pointe elle a été régulièrement mesurée à plus de 230 ! Avec 557 exemplaires à priori immatriculés en France au prix catalogue de 197 500 F, elle a été produite sur les années 1986 et 1987, rendant cette version rare et donc assez chère. Une ultime évolution aura lieu outre manche en Août 1987 pour participer aux compétitions sur piste. La série dite RS500 homologuée pour la route à 224cv était en fait la base pour celui qui était désireux d'obtenir la version piste prête à courir avec quasiment 500cv. Exclusivement en conduite à droite, cette série transformée en Grande Bretagne aura droit à 500 exemplaires qui devaient être toutes noires. Finalement 56 seront peintes en blanc et 52 en bleu clair à la demande des clients
Pour la petite histoire, Cosworth avait mis ces conditionsdans pour sa collaboration lors du développement de la RS. Si l'usine souhaitait un moteur de 180cv, Cosworth a répondu par 204cv ou rien. Mais ce n'est pas tout. Le préparateur a imposé une production de 15 000 moteurs soit 3 fois plus que le nécessaire à l'homologation de la voiture en compétition. Ford accepta et c'est aussi pour celà que la saga RS continuera sur Sierra puis Escort.
Fort de ces succès et performances sur piste mais aussi en rallye, la suite arrive en 1988 avec la phase 2 de la voiture. Evolution plus esthétique que mécanique puisque la RS Cosworth devient Cosworth tout court et n'est alors proposée sur la berline 4 portes en lieu et place du coupé. Avec 204cv et 2 roues motrices, la voiture parrait alors plus pataude que la précedente. Il faudra attendre 1990 pour obtenir l'ultime Cosworth développée sur la Phase 3 avec cette fois 4 roues motrices et 220cv (215cv dans certains pays) mainte fois décortiquée sur des sites du web.
Mais la Sierra n'est pas qu'une gamme tranquille avec des version RS en vitrine. Qui n'a pas croisé le Pickup fabriqué au Portugal ? Approche étonnante mais parfaitement d'actualité à l'époque où elle venait remplacer la bonne vieille Cortina Pick-up. La P100 , nom de la Sierra Pick-up initialement développée avec le 2.0 litres essence verra l'adoption du 1.8 turbo diesel de 75cv dont le moteur connaitra un certain succès en France essentiellement sur la gamme traditionnelle à partir de la Phase 3 où il remplace l'antidéluvien 2.3 litres.
Enfin sachez que l'Afrique du Sud a eu droit entre 1984 et 1988, à 250 Sierra motorisées par un V8 de 5.0 litres issu de la Mustang notamment. Avec 209cv, c'était finalement la Sierra la plus puissante avant 1990 et l'arrivée de la Cosworth de 220cv (RS 500 mis à part).
Curieuse cette Sierra ? Je dirai que oui esthétiquement bien plus que dynamiquement hormis les versions XR4 ou RS naturellement. Elle souffla en son temps un vent de nouveauté nécessaire et pourtant en 1993, la marque ne la remplace pas avec une Sierra 2 mais par le Mondeo qui en est, elle à sa quatrième génération ! L'engouement des versions sportives ne fait aucun doute à tel point qu'il est très difficile malheureusement aujourd'hui d'en trouver une dans son état d'origine non accidentée, non préparée pour courir et sans tuning plus ou moins de bon goût.
Valeur de transaction : XR4 i : 3500 à 5000€ / RS Cosworth : 15 000€ (restaurées certaines sont à vendre jusqu'à 30 000€) / Cosworth 4ptes : 12000€ environ / Cosworth 4x4 : 14 à 15 000€. Le plus dur est d'en trouver non modifiées conformes à la version commercialisée à l'époque.
La Sierra 5 portes :
La 3 portes :
Le break pas plus séduisant :
La Phase 2 :
La phase 3 :
La XR4 i :
La Merkur XR4Ti version US 4 cylindres de la XR4 i :
Le bloc compteur avec la suralimentation visible en haut à gauche du compte tours :
LA RS Cosworth de 204cv dérivée de la XR4 i. Remarquez les custodes arrières dorénavent fixes et d'un seul bloc :
Le bloc compteur jstement repris de la Merkur turbo :
L'évolution RS 500 Cosworth :
La version utilitaire Pick-up P100 :
La version spéciale Afrique du Sud XR8 et son V8 5.0 litres :
Le concept d'origine de la Sierra : Probe III
photos internet