RENAULT 14 / 1976-1983
Face au best seller de la catégorie en France qu'est alors la Simca 1100 au milieu des années 70, Renault s'emploie à sortir un véhicule compact et surtout moderne. La 14 est une première pour la Régie tant par la catégorie visée (les compactes donc), que par sa ligne souhaitée moderne toute en rondeur et agrémentée de couleurs vives et fraiches extérieures et intérieures.
Dès son lancement, la R14 fait face aux critiques qui proviennent pour l'essentiel de son équipement indigne et quasi absent mais surtout de ces motorisations jugées faibles et qui plus est communes avec l'ennemie principal : Peugeot ! Une Renault à moteur Peugeot....D'entrée de jeu la situation n'était pas gagnée d'autant que rapidement la voiture sera rattrapée par des problèmes importants de corrosion.
Mais au delà de ça, ce que tous ceux qui ont connus sa commercialisation ne retiennent de la R14, c'est sa campagne publicitaire catastrophique, où ces formes arrondies sont comparées à la forme d'une...poire donnant l'impression justement que la bonne poire c'est l'acheteur !
Pourtant, la 14 est une voiture sérieuse de l'avis des spécialistes de l'époque et elle sait rester confortable. Ces lignes discrètes ne doivent pas se traduire dans les esprits par un comportement quotidien banal. La difficulté est bien dans ce genre d'appréciation voir même ce genre d'à priori. En 1977, alors que la voiture devrait monter sur le podium des immatriculations après 1 an de commercialisation, elle n'arrive que 10ème loin, très loin des objectifs de vente de la marque. La régie décide donc de durcir son modèle dès l'année suivante. Si quelques modifications sont d'ordre esthétiques comme le bouclier avant qui voit ces clignotant remonter du bas à l'horizontal vers le haut en position vertical, c'est donc en 1978 que sortent les versions TS et GTL sensées venir aider les versions de bases moins bien motorisées. En effet tout en restant en limite de la catégorie fiscale non handicapante des 7cv, le 4 cylindres transversal est revu au niveau de l'alimentation avec un carburateur double corps mais aussi au niveau de la distribution faisant passer la puissance modeste de 57cv à 70cv, même si à son lancement les 75cv avaient été espérés. L'ensemble de la gamme profite d'améliorations esthétiques ou de confort de cette phase 2 puisque le bouclier avant intègre les feux clignotants, l'essuie glace arrière est à présent de série sur toutes les versions, la banquette arrière possède une mousse plus moelleuse, et les sièges avants très enveloppants ressemblent à présent à ceux de la R17 avec des appuis têtes quasi intégrés et dont l'esprit a été repris de nos jours sur la Twingo III. La console centrale est également revue puisque les commandes des vitres électriques de la TS sont positionnées en son centre et les aérateurs latéraux sont désormais positionnés à la verticale. Autre inauguration, la voiture peut recevoir pour la première fois une fermeture centralisée à clé toujours sur la version typée sport TS qui se repère à son sigle TS apposé sur sa calandre avant droite, à ces jantes au dessin spécifique et à ces strippings à effet dynamique sur les ailes avants. Cette TS possède aussi un compte tour mais aussi un manomètre de pression d'huile ainsi qu'un thermomètre d'eau et est donnée pour atteindre 165 km/h en pointe.
Ce moteur X de 1.2 litres sera remplacé dans la gamme en 1980 par le 1.4 de 1360 cm3 de même puissance mais au couple supérieur toujours conçu et assemblé par la Française de Mécanique et dont profitent aussi à l'époque les Peugeot 104, Talbot Samba et autres Citroën BX 14 avant d'être décliné sur bon nombres de modèles du groupe PSA à commencer par la 205 et ce pendant des décennies.
Simple 5 portes, la R14 a pourtant été envisagée avec d'autre carrosseries. Si les versions 3 portes ou à coffre sont restées sur la planche à dessin, un étonnant coupé a été également pensé au point d'exister sous forme de prototypes roulants allant même jusqu'aux mulets de pré série ! En effet en 1973, alors que la 14 en est encore à l'état de projet, le designer de la R12 quitte la régie pour travailler seul ces croquis convaincu que des déclinaisons sur la base du châssis de la 14 avec un moteur positionné ailleurs a ces chances. Il en ressort 3 dessins : Deux coupés avec un avant tendance Matra et un break de chasse au profil qui fait penser à la Volvo 480 d'il y a quelques années (déjà traité dans mon blog). Les projets sont présentés à la direction de la régie en juillet 1974 en plein choc pétrolier. Séduits, les dirigeants ne valident pourtant pas le projet prétextant des capacités de productions limitées. Ils contactent néanmoins Guy Ligier qui gère alors la fin de production de la Citroën SM et qui est à la recherche d'autres débouchés industriels. Le projet est alors officieusement lancé, la version coupé tendance break de chasse retenue. Une maquette est ainsi réalisée dès 1976 pour une première petite série de 250 exemplaires dont la sortie est prévue pour 1977. La voiture se caractérise alors par les phares avants escamotables, un habitacle lumineux et pétillant en couleurs le tout avec un hayon vitré sans cadre, idée que l'on verra sur les Matra Bagherra ou Rancho par exemple. En 1977, des modèles de pré série sont construits comme prévu chez Ligier dont 4 pour le premier mois, puis quelques dizaines puis centaines sur les suivants. L'objectif est alors de commercialiser la Ligier-Renault JS6 dès octobre 1977. Finalement, Renault réalise qu'elle possède déjà des coupés 15 et 17 dans sa gamme et ne veut pas se tirer une balle dans le pied avec une nouveauté qui viendrait plomber ces chiffres de ventes sur son segment de niche et même hypothéquer son futur coupé dérivé de sa R18 : la Fuego (présente elle aussi dans mon blog).
En plus de la gamme classique, quelques séries spéciales seront tentées à l'étranger comme la TL Spécial en Suisse qui se contente d'offrir un petit kit carrosserie sportif tel un spoiler avant ou la R14 Safrane destinée aux pays nord européens. La "Regency" pour la Grande Bretagne est certainement la plus séduisante. Sur une base de TS avec le moteur 1.4 de 70cv, la voiture reçoit une décoration spécifique, des jantes alu, un toit ouvrant manuel transparent et un volant sport de R5 Alpine ! Proposée uniquement en teinte bordeaux, elle ne sera produite qu'à 650 exemplaires.
C'est en 1983 que Renault stoppe la production de la R14 pour laisser la place à la R11. Sa ligne n'aura pas convaincue en France et en Europe, ces moteurs gentillets manquaient de puissance et de caractère quant à sa publicité novatrice chez nous aura eu des conséquences commerciales désastreuses. Avec 999 093 exemplaires seulement, on est loin des objectifs de la marque qui envisageait dépasser les 2 millions. Le compte n'y est donc pas du tout, et malgré ce volume de production contenu, la 14 peine à séduire aujourd'hui les collectionneurs. Aujourd'hui encore les propriétaires font face à d'injustes moqueries alors que la voiture possédait des lignes plus modernes que la concurrence. Une version réellement sportive aurait peut être pu changer le cours de l'histoire et sauver son image. Il n'en a, hélas, rien été.
Valeur de transaction : Cela peut curieusement atteindre 2000€ pour un véhicule propre sans rouille avec un intérieur correct ou refait.
La R14 phase 2 à partir de 1979 avec notamment ces cligotants verticaux :
La version TS aux allures plus sportives :
L'option toit ouvrant en toile :
La planche de bord de la TS:
La boîte 5 et les commandes électriques de la TS :
Une des rares séries spéciales, ici anglaise "Regency" :
La R14 Safrane :
La 14 sera déclinée en son temps en version police :
La fameuse publicité catastrophique :
Une des études de la 14 au style non encore définitif :
Le concept 121 ou JS6 jamais mis en production :
Photos internet