RENAULT 5 LE CAR et Le Car Van 1976-1983
Il a toujours été compliqué pour les constructeurs français de conquérir l'Amérique du nord au sens large. En effet, les productions des deux continents sont diamétralement opposées. En grossissant le trait, on pourrait presque mettre un véhicule Européen dans le coffre d'une Américaine.
Au milieu des années 70, Renault tente à nouveau l'expérience avec son best-seller de l'époque la R5 afin de faire oublier son précédent échec : la Dauphine. En effet, adaptée non sans mal pendant la décennie des années 50, la Dauphine tente une percée sur le marché nord-américain alors même que la régie produit sa voiture en Argentine pour le marché sud-américain. Là c'est des versions plus luxueuses qui sont prévues afin de s'adapter au marché US. Les adaptations de sécurité et de pollution prendront du temps et les objectifs prometteurs ne sont rapidement pas atteints. Le climat météo n'arrange rien en 1959 quand la version USA est définitivement prête et exportée depuis ...la France. Compliquée à vendre, la Dauphine dort sur les quais des ports outre Atlantique au point d'être renvoyées vers l'Europe où quelques spécificités américaines seront retirées et les modèles toujours neufs apparaissent au catalogue français sous l'appellation "Dauphine Export".
Lorsqu'en 1976, Renault se relance dans l'aventure, elle ne le fait pas seule mais s'allie au constructeur américain AMC qui produit notamment la curieuse Pacer (présentée dans mon blog). C'est ainsi que sur une base de version TS, Renault adapte sa R5 et propose une version nommée curieusement "Le Car". Esthétiquement cette R5 adopte des pare chocs de la version Alpine et accueille à l'avant des optiques répondant aux normes US fixées dans la calandre. Elle dispose également des clignotants sur les ailes avant, des plaques réfléchissantes à l'arrière et se voit adapter sur son hayon un support de plaque carré pour respecter le format des plaques là bas. Côté moteur c'est le 1.4 litres de 58cv qui est mis aux normes et disposé sous son capot. Il est clair que la motorisation dénote sur le territoire nord-américain mais la caisse de la R5 est légère. Proposée en 3 portes en 1976, elle pouvait recevoir une climatisation mais le succès commercial n'est pas au rendez-vous. L'arrivée de l'offre 5 portes en 1980 et le second choc pétrolier favorable aux petits moteurs ne changeront pas la donne. Seule la version relookée en 1982 permettra à la Régie d'obtenir des résultats commerciaux à la hauteur des espérances mais sur courte durée. Il faut dire que motorisation légère, finition désastreuse et surtout la rouille rampante sur le châssis n'aideront pas le modèle à percer. Au final on ne sait combien de R5 Le Car ont été commercialisées en Amérique du nord (Etats-Unis et Canada). Certaines sont revenues en Europe via des RTI (réceptions à titre isolé) ou via le constructeur qui ne parvenait pas toujours à les exporter faute de demande.
Fort de cette expérience outre atlantique qui est passée totalement inaperçue chez nous, une idée de récupération du concept est imaginée par un journaliste du magazine de l'homme moderne : "Lui" , revue mensuelle connue pour ces reportages dénudés et érotiques y compris en épinglant des personnalités publiques féminines très tendance à cette époque. Ce journaliste fait de la R5 américaine un traitement sous forme de van très tendance alors aux USA espérant créer le buzz sur le vieux continent. Ainsi la voiture est noire, reprend des éléments de notre version Alpine (jantes alu, pare-chocs) et les parties latérales arrières sont tôlées et munies de petits hublots et le hayon, opaque lui aussi accueille un hublot horizontal légèrement plus imposant, un emplacement carré pour la plaque minéralogique et surtout un support afin d'accrocher la roue de secours protégée par une housse badgée "Le Car Van". Cette particularité de la partie arrière, fait que cette R5 est une stricte 2 places, la banquette d'origine a disparue au profit d'une épaisse moquette sur le plancher et sur les parois latérale au style US avec un capitonnage total permettant ainsi à cette version d'obtenir une TVA réduite à la vente. Des bandeaux arc en ciel à mi hauteur de caisse donnent une touche volontairement de fraicheur et une antenne radio de type téléphone apporte la touche hi-tech de l'époque.
Cette version "Le Car Van" sera produite par Heuliez à 450 exemplaires. Certaines ont pu bénéficier d'une banquette arrière qui était dans le catalogue des options. Le prix de la transformation était de 12500 Francs et le client devait emmener ou faire livrer le véhicule chez Heuliez dans les Deux Sèvres. Si les premiers exemplaires prenaient pour base la finition sportive TS de la gamme portant le prix de la R5 assemblée à 46400 F (soit plus chère qu'une version Alpine de série), rapidement toutes les finitions pouvaient bénéficier des couteuses modifications. C'est ainsi que 2 versions sur base Alpine furent produites. De plus le carrossier proposa même aux entreprises d'investir dans des versions "van" jugées idéales pour de la communication sur 4 roues. Le fait qu'il fallait au moins investir dans une flotte de 10 véhicules réduira fortement le nombre de candidats intéressés.
Dès 1979, Renault, Alpine et Heuliez travaillent sur un projet qui restera dans l'histoire de la marque : le R5 Turbo.
A l'heure des 50 ans de la R5, le constructeur surf sur les lignes originelles en les modernisant afin de la commercialiser de nouveau mais cette fois uniquement en version 100% électrique en 2024 alors que la version "Electric" fut produite pour les administrations (comme EDF) entre 1972 et 1974 à une centaine d'exemplaires.
Valeur de transaction : Le Car Van : 12 500€ environ
La R5 Le Car :
Les commandes de climatisation de la version US, une rareté à l'époque :
Avec l'option banquette:
photos internet