PININFARINA SPIDEREUROPA / 1982-1985

5 mars 2016

PININFARINA SPIDEREUROPA / 1982-1985

La toute nouvelle Fiat 124 Spider (dernière photo) va sortir en Europe avant l'été. Fruit d'une collaboration avec la marque Mazda dont elle reprend le châssis du nouveau carbriolet Mazda 5, l'histoire nous replonge ainsi aux origines de la véritable 124 produite par Fiat puis par Pininfarina il y a quelques décennies.

Nous voilà donc projeté en 1966. Fiat présente sa nouvelle 124 Sport Spider fruit d'une collaboration entre Fiat bien sur mais surtout avec Pininfarina pour le design. Elle est présentée et dérivée de la berline 124 ( avant dernière photo). Cette berline vous la connaissez bien puisque après sa carrière occidentale, la licence fut revendue notamment à la marque Lada qui en extrapola toute la série des 1200 puis des plus proches de nous 2105 et 2107.Ces lignes carrées semble d'ailleurs avoir été puisées sur celles lignes d'une boîte à chaussures.

Avec le coup de crayon de Pininfarina sur la Fiat 124 Sport Spider, on en est vraiment très loint puisque nous nous retrouvons parfaitement dans les lignes des cabriolets de l'époque qui sont en concurrence directe comme la Dino Spider avec le moteur V6 du fils du Commandatore Dino, et surtout du Spitfire de chez Triumph présent avec succès sur le marché depuis 1962. Bien évidemment ce projet n'est pas le seul de Pinifarina puisque dans le même temps il décide de partir à l'assault des Etats Unis via la fameuse Alfa Roméo Spider présentée là bas en 1966. Ce Spider aux lignes assez proches de la 124 spider sera stoppé en 1993.

Mais la 124 cabriolet connaîtra chez nous une carrière allant de 1966 à 1974, date à laquelle la marque stoppe la production européenne pour exclusivement réserver sa production pour le sol américain. Mise entre parenthèses chez nous, la voiture connaîtra une seconde carrière, discrète et disons le méconnue mais cette fois sous le seul logo Pininfarina puisqu'en 1982 Fiat décide de stopper totalement la production de son spider pour confier tous les outils de la production et d'assemblage à Pininfarina seul à assurer dorénavant la sortie des exemplaires. La Spidereuropa est née, de mémoire, l'unique modèle sous le nom exclusif de Pininfarina.

Récupérant un produit vieillissant et dépassé techniquement, le carrossier italien tente de surfer sur le côté rétro et sympathique de la voiture. La seule touche de modernité en 1982 est l'implantation sous le capot d'un nouveau moteur 2.0 litres essence à injection. Ce nouveau moteur lancé par Fiat pour ces gammes modernes remplace les vieilles versions à carburateurs utilisées jusque là et permet à la marque italienne de proposer un moteur de plus de 100cv, 105 exactement. Certes la puissance est inférieure à sa devancière puisqu'une version 1.8 litres Abarth de 128cv avait sévit au milieu des années 70. Mais Pininfarina ne peut pas être présent sur tous les fronts et doit assurer également la production de la version US qui poursuit sa carrière sous le nom du carrossier. Le moteur dépollué développe alors 102cv mais depuis avril 1981, le continent de l'oncle Sam a droit à une version turbo forte de 120cv permettant ainsi de répondre à la demande de motorisation plus nerveuse. Afin de proposer un bloc plus tonique pour l'Europe Pininfarina est autorisé à implanter en juillet 1983 le 2.0 litres utilisé mais dopé comme chez Lancia d'un compresseur volumétrique Volumex. Nous avons là l'ultime version du modèle qui développe 135cv pour un couple de 21m/kg contre 15.3m/kg pour la version atmo. Uniquement disponible en boîte mécanique à 5 rapports (seules les USA pouvaient avoir une boîte auto) la voiture atteint 195 km/h en version Volumex (comme pour la version turbo) contre 180 km/h pour les versions atmosphériques. Ce sont les relances qui sont surtout plus franches et toniques même si la vocation de l'auto est toujours la balade cheveux aux vent. Côté consommations, elles font moins rêver puisqu'on est à la moindre sollicitation bien au delà des 12 litres/100 kms de moyenne.

Esthétiquement, la reprise de la production par Pininfarina est bénéfique à la qualité de construction de l'auto ainsi que de nombreux détails tel la calandre, le spoiler noir mat, les pare-chocs intégrant les clignotants, un capot redessiné avec 2 bosses, les rétroviseurs repositionnés sur les déflecteurs, des vitres électriques mais surtout un coffre muni d'une gâche électrique (ou plus exactement électromagnétique) et de nouvelles jantes alu au style plus moderne ainsi que le retrait de la mini banquette arrière transformant la voiture à présent en stricte 2 places. Ainsi revisité, le spider Fiat devenu Pinifarina obtient pour l'époque un style néo-rétro qui était alors assez efficace et plein de nostalgie avec un chassis certes rigide mais démuni de l'arche devenue très en vogue transformant plus les voitures en paniers à provisions plus qu'en véritable cabriolet (la Golf Cab en tête, la BMW Série 3 Baur,Ford Escort, copiée par la suite par la 205 cab, etc...)

L'habitacle d'origine est préservé avec quelques touches de modernité. Le volant Momo trône en bonne place et la planche de bord redessinée reste parée de bois. Les connaisseurs auront repéré les commodos divers ou le frein à main issue de la banque d'organe Fiat-Lancia-Ferrari de l'époque.La touche de modernité est subtile puisqu'il s'agit de l'ordinateur de bord situé entre les aérateurs centraux rajoutés et positionnés de façon verticale, ainsi que du bouton de déverrouillage du coffre à distance. Les vitres sont bien sûr devenues électriques et, économies obliges, de simples caches ont été positionnés sur les panneaux intérieurs à l'ancien emplacement des manivelles. Notez enfin que les curieux rangements situés sur les passages de roues avants ont été conservés.

Dès 1983, Pinifarina souhaite aller plus loin en proposant donc sa version phare dite VX pour Volumex. Cette technologie adoptée par Lancia sur plusieurs de ces produits permet donc d'obtenir 135 cv du 2.0 litres avec des performances en hausse sensible par rapport à la version atmosphérique. Les amateurs et connaisseurs reconnaîtront le bruit caractéristique du compresseur tel un moteur électrique de course actuel. Pour cette version quelques détails esthétiques sont rajoutés. Elargisseurs d'ailes ainsi que des phares longues portées donnent un petit look sympa. Les jantes alu ornées du scorpion Abarth ajoutent le piquant. Toujours est il que cette mécanique plus enjouée incite à cravacher la voiture. Las, le vieux châssis vous rapelle très vide à l'ordre et montre rapidement ces limites du fait par exemple de son essieu arrière très rigide. C'est bien tranquillou que cette Spidereuropa s'apprécie.

Pour la partie production, Pinifarina n'avait pas, clairement, les moyens d'industrialiser autant que Fiat. Si le groupe italien produisait en moyenne 12 à 14 000 unités par an, le carrossier lui était plus sur 2500 vhs/an avec 1502 seulement pour 1985. Avec 7450 Spidereuropa la 2.0 litres atmosphérique reste la version la plus diffusée. Pour ce qui est de la version sportive Volumex il n'en fût produit que 500 exemplaires soit moins que la version 1.8 Turbo US de 122cv (700 exemplaires) ou que la Fiat 124 Spider 1.8 Abarth de 128cv (1013 exemplaires).

Valeur de transaction : 10 000 à 15 000€ pour la 2.0 litres. 30 000€ pour la Volumex