JAGUAR X-TYPE / 2001-2009
Pour Jaguar, depuis 1989, le luxe à 4 roues le plus diffusé ou le moins exclusif c'est selon passe par la vision de son propriétaire Ford. L'américain a adopté une stratégie de groupe pour créer un univers de marques de luxe. Ainsi avec Lincoln et Mercurey, Jaguar rejoint les autres marques européennes détenues par Ford à savoir Volvo, Land Rover et Aston Martin. Pour l'anegdote, Alpina se verra même proposer une offre de rachat pour devenir le département sportif de Jaguar, offre qui sera refusée. Le développement économique des différentes marques est en marche.
Ford cherche pour cette marque anglaise au milieu des années 90 à proposer un véhicule plus petit et plus accessible au grand public tout en restant premium et concurrencer des allemandes telles BMW séries 3, Mercedes Classe C ou encore Audi A4. Il faut dire que la gamme berline d'alors de la marque au félin s'articule autour d'une S-Type sortie quelques années plus tôt qui peine à trouver sa clientèle et de l'emblématique et intemporelle XJ dont le premier opus date de ...1968 !
La marque américaine pioche alors dans sa banque d'organes et de châssis à sa disposition.Présenté sous le nom de code X400, deux approches sont réalisées sous forme de concept. L'une est extrapolée du châssis de la S-Type propulsion en production et l'autre sur la Ford Mondeo deuxième du nom , traction avant pour sa part et qui doit avoir un lancement mondial. Économiquement plus viable, et aux dimensions suffisamment plus réduites que la S-Type, c'est la base Mondeo néanmoins profondément modifiée qui est retenue. Elle est moderne et permettra de proposer des motorisations 6 cylindres et de laisser l'exclusivité et le prestige du V8 à la S-Type, l'objectif étant de développer les ventes et pas de cannibaliser des modèles entre eux. Sur le papier la stratégie se tient, et Ford met les moyens pour concevoir un véhicule digne de son rang et de l'image de marque. Le résultat donne une ligne et un design général à la fois sobre et élégant. Les ambitions du constructeur américain sont énormes car il veut voir passer les volumes de production des modèles de la marque de 5 à 6 chiffres. Pour bien se démarquer dès le lancement la X-Type est déclinée non pas en 2 roues motrices mais en 4 ! C'est une révolution pour la marque adepte historiquement du tout propulsion. Sous le capot, c'est le V6 de 3.0 litres qui est adapté. Fort de 231 cv, il reste symboliquement un cran au dessus de celui disposé sous celui de la Mondeo qui sort 220cv dans sa version sportive ST. L'habitacle fait largement appel au cuir Conolly tant réputé. Mais car il y a un MAIS ! A y regarder de plus prêt, la finition n'est pas aussi poussée que le reste de la gamme. Et pour cause, la X Type doit composer avec des commodos et accessoires de la Ford Mondeo. Clignotants, essuies glaces, et surtout bloc radio gps ne laissent aucun doutes. C'est encore pire sur les versions sans GPS, qui reste à cette époque un luxe vendu très cher (3800 € sur la finition dite Classique). Vendue à partir de l'équivalent de 34 600€ avec le V6 2.5 litres de 196cv, la X-Type Classique est alors en boîte mécanique là aussi au grand dam des puriste des familiales du félin, et la liste des options est longue si l'on souhaite posséder tous les équipements contemporains. ESP ( 500€), Xenon (1010€), rétroviseurs escamotables électriquement (200€), radars de stationnement (de 460 av à 930€ av ar), bluetooth (520€) ou encore le toit ouvrant électrique à 1160€ sans oublier les packs divers et variés de qui vont de 1000 à 4400€. Le haut de gamme 3.0 litres 231cv en Sport Collection dépasse les 47000 €. Le bon côtoie donc le mauvais même si au volant la sonorité et l'onctuosité des V6 reste présente. Reste qu'avec un tel habitacle, les connaisseurs penseront immédiatement à un remake de l'Aston Martin DB7 de 1993 qui avait déjà eu ces commodos, serrures et clés de Ford. Et pourtant cette X-Type qui n'a pas un air de Mondeo ne partage que 20% d'éléments avec elle.
En 2001 commercialisée uniquement en V6 et 4X4, une réelle particularité, Jaguar reconnaît avoir écoulé seulement 55 600 unités soit très proche des volumes de la grande soeur S-Type plus prestigieuse et surtout plus chère alors qu'elle devait permettre à la marque de doubler ces chiffres de production. Ford réfléchit donc à réorienter sa gamme afin d'obtenir des résultats probants. Afin de démocratiser sa "baby Jag", la marque décline son V6 en 2.0 litres pour 159cv. A cela, elle retire les roues arrières motrices pour la laisser en traction et gagner 100 kilos qui ne sont pas superflus pour donner de l'aisance à ce V6 limité. Proposée symboliquement sous la barre des 30 000€, la Jaguar fait des impasses techniques mais aussi d'équipement. Ainsi le cuir et les vitres arrières électriques passent dans les options. La X-Type peut alors sembler bien basique !
Mais clairement, la gamme proposée uniquement avec des moteurs V6 essences peine à conquérir et ne séduit pas les puristes de la marque qui lui préfèrent les nobles V8. Après analyse de ces vente, le constructeur s'apperçoit qu'il réalise l'essentiel de ces ventes auprès des loueurs de flottes. La réflexion passe par un 4 cylindres essence mais rapidement pour répondre aux avantages fiscaux des loueurs et de la dieselmania qui s'emparre de l'Europe, Ford décide d'adapter une motorisation diesel sous le capot d'une Jaguar. L'affaire fait grand bruit voir scandale et c'est le bloc présent sous le capot de la Mondeo qui est retenu. Moderne, sa cylindrée de 2.0 litres développe ici 130cv, le couple moteur devant compenser le manque de puissance réelle par rapport aux V6 essences. Aussi incroyable que cela puisse paraître le salut de Jaguar passera avec le recul par le diesel.
Ce fameux bloc dit "Duratorq" a donc été proposé en traction, se rapprochant ainsi dangereusement des plates bandes "roturières" de la Mondeo mais séduit les flottes. Les volumes augmentent quelque peu avant de s'essouffler rapidement faisant fuir les peux d'amateurs d'essences. Une Jaguar 4X4 passe encore mais une diesel en traction sûrement pas ! Et pourtant, la marque n'a pas finit de bousculer la tradition. En février 2004, c'est un nouveau coup de tonnerre puisque la voiture est cette fois déclinée en break dit Estate ! Légèrement plus long que la berline (4.72 m contre 4.67 m), l'Estate est également plus lourde d'une soixantaine de kilos. Cette version break facturée 1850€ de plus que la berline est décliné avec tous les moteurs et toutes les finitions. Ainsi et grâce à sa ligne assez fine, il n'est pas cantonné aux versions de bases avec une simple image de break de déménagement. Elle tend même à séduire une nouvelle clientèle, indispensable si l'on souhaite voir les chiffres de vente exploser.
En 2005, Jaguar enfonce le clou et dote sa X-Type d'une évolution de son moteur diesel porté à 155cv et 9cv fiscaux comme sur la Mondeo.Cette nouvelle motorisation fera disparaître la version V6 essence 2.0 litres du catalogue suivie un an après de la version diesel 2.0 litres de 130cv environ. Les moteurs encore disponibles en 2007 ne sont désormais plus que trois et la finition de base sans nom disparaîtra par la même occasion. Ces petites retouches esthétiques de fin de carrière laissent également apparaître une gamme très simplifiée, les V6 2.5 et 3.0 litres n'étant plus disponibles qu'en une seule finition Executive, et la 2.2 diesel en deux finitions l'une traction et l'autre en transmission intégrale.
A cela s'ajoute quelques rares séries spéciales ou limitées telle la version 'Indialapolis" nommée "Le Mans" dans certains pays, la "Collection", la "Classic Cuir" pour ceux qui ne supportait pas leur Jaguar en velours, l' "Excellence" basée sur le haut de gamme "Executive" ou encore la "Collection" proposée en 2010 en 240 exemplaires pour le Bélélux. La X-Type ne connaîtra même pas de déclinaison "Daimler" comme c'était le cas autrefois signe que l'image de marque à travers les différents "business plan" a été touchée au plus profond de ces gènes.
En 2008, Ford cède la propriété de Jaguar à l'Indien Tata motors toujours propriétaire aujourd'hui. Conscient de l'erreur stratégique de conception trop Ford, et face aux volumes de ventes bien décevants, il stoppera la commercialisation de la X-Type dès 2009. Il faudra attendre le Mondial de l'auto 2014 pour voir la présentation de celle chargée de lui succéder : la XE. Cette berline aux dimensions comparables (4.67 m de long) profite de nouvelles motorisations dites "Ingenium"conçues par les équipes de Tata. Chasse au CO2 oblige, nous sommes passés de l'ère des XE V6 (2015-2017) à celle du 4 cylindres essence ou diesel en propulsion ou 4x4 depuis 2017. Il n'en demeure pas moins que Ford ou pas Ford, la X-Type tout comme la XE sont sur un segment de plus en plus compliqué, la berline traditionnelle se voyant plus que bousculée par l'engouement pour les SUV.
Valeur de transaction : de 6000 à 8000€ selon énergie pour un modèle de moins de 100 000 kms
La version break dite "Estate" :
L'habitacle cossu mais tendance Ford qui lui collera à la peau pendant toute sa carrière :
L'un des croquis au tout début du projet
Le V6 2.0 litres :
photos internet